Avant-propos
Le monde est fait de séparatistes. L'homme qui est maître chez lui est séparatiste. Les 100 nations de la terre qui cherchent à conserver leur identité nationale sont séparatistes. La France et l'Angleterre sont mutuellement séparatistes, même devant le Marché commun. Et vous qui souhaitez le rapatriement de la Constitution canadienne, vous êtes séparatistes. La seule différence qui existe entre vous et moi, c'est que vous, vous voulez l'indépendance du Canada vis-à-vis de l'Angleterre et des États-Unis, tandis que moi, je veux l'indépendance du Québec par rapport au Canada. En termes mathématiques, l'indépendance du Québec est au Canada ce que l'indépendance du Canada est aux États-Unis et à l'Angleterre. Toutefois, le Québec a plus de raisons que le Canada anglais d'affirmer un tel particularisme puisque des quatre territoires, le Québec est distinct par la culture alors que le Canada anglais, les États-Unis et l'Angleterre sont identiques par la langue.
Malgré tout, le séparatisme a toujours eu mauvaise presse au Québec. Le terme séparatisme lui-même y est sans doute pour quelque chose. Il est négatif. Il ne semble pas inviter à construire.
Et pourtant, pour qui s'arrête à y penser un moment, le séparatisme mène à de grandes tâches: à celle de l'Indépendance et de la Liberté, à celle de l'Épanouissement de la nation et de la Grandeur française en Amérique.
Il est de bon ton en certains milieux de traiter les séparatistes de rêveurs. Dieu soi loué s'il est encore au Canada français des hommes et des femmes capables de rêve! Mais pour saisir la distinction entre le rêve réalisable et l'utopie, il faut au moins pouvoir se détacher d'un certain dogmatisme subjectif qui fait rejeter d'emblée l'indépendance du Québec avant même de l'avoir pensée.
Il est vrai que l'indépendance est beaucoup plus affaire de caractère que de logique. Car n'est pas indépendant qui veut. Plus que la raison, il y faut la fierté.
Si vous avez cette fierté dont sont faits les hommes libres, si vous pouvez vous dépouiller de toutes ces idées préconçues sur le sujet et apporter à la discussion un esprit sincère, capable de juger, alors, et seulement alors, asseyons-nous et causons.