Résolutions de l'assemblée de Stanbidge
Proposé par M. John Ayer, secondé par M. Henry Power.
RÉSOLU, 1 : Que le gouvernement est fondé sur l'autorité, et est institué pour l'avantage du peuple ou d'une communauté, et non pour l'avantage, ni l'honneur ni le profit d'aucun homme ou d'aucune classe d'hommes, qui ne sont qu'une partie de cette communauté; que la doctrine de non-résistance au pouvoir arbitraire est servile, absurde et discréditable pour un peuple qui sait apprécier ses privilèges, et qu'il a conséquemment le droit, et c'est pour lui un devoir impérieux, de s'assembler et de discuter tout ce qui le concerne sous le point de vue public.
Proposé par George Chandler, écuyer, secondé par M. H. W. Rice.
RÉSOLU, 2 : Que quoique lors de l'établissement primitif d'une colonie, ou que durant les premiers temps de la possession d'un pays cédé, le peuple, en reconnaissant l'autorité d'une législature étrangère, puisse pendant quelque temps négliger l'exercice de ses privilèges naturels, néanmoins, comme il possède le droit inviolable d'amender, de réformer ou de changer ce gouvernement, toutes les fois que sa sûreté, son bonheur ou sa prospérité l'exigent, ou que la liberté publique est en péril, il peut reprendre ses droits et agir d'après ses propres énergies, lorsque ses efforts pour obtenir justice ailleurs sont inefficaces.
Proposé par Aaron Martindale, écuyer, secondé par M. Jonas Coburn.
RÉSOLU, 3 : Que les promesses réitérés et les proclamations du roi britannique à l'égard des privilèges dont ses sujets doivent jouir en cette province, et les déclarations réitérées du ministères britannique, que nous ne devions avoir rien à envier dans les institutions de nos voisins ont été constamment violées, et jusqu'à ce jour trompeuses et fallacieuses.
Proposé par M. Salva Stone, secondé par M. Seth Stackard.
RÉSOLU, 4 : Que tandis que nous voyons dans notre voisinage immédiat un peuple de notre race, jouir chez-lui de la liberté politique la plus étendue, et chez l'étranger de la considération universelle du genre humain, et spécialement de celle de la nation britannique contre laquelle il se révolta, nous avons vécu privés des avantages découlant du bon gouvernement, et nous nous voyons maintenant méprisés et dédaigneusement traités par ce même gouvernement, auquel, au prix de grands sacrifices individuels, nous étions demeurés attachés.
Proposé par A. S. Phillips, écuyer, secondé par M. Charles Blinn.
RÉSOLU, 5 : Que, convaincus que la protection d'un gouvernement et l'obéissance d'un peuple sont des obligations corrélatives, notre soumission jusqu'à présent paisible à cet état de gouvernement disgracieux et pour l'exécutif provincial et pour le pouvoir qui le nomme, n'est pas attribuable à l'ignorance de nos droits d'hommes libres, mais à un fol espoir que le gouvernement britannique, en remplissant ses promesses, établirait un gouvernement responsable, acceptable aux voeux du peuple.
Proposé par C. A. Seymour, écuyer, secondé par le docteur Hawkes.
RÉSOLU, 6 : Que, Américains nés, nous considérons les habitants de cette provinces comme un seul peuple et répudions tous préjugés d'origine, quelque empressement que des Européens mettent à les répandre; et que dans la distribution du pouvoir, des places ou des faveurs, en cette province, nous n'exigeons rien de plus que notre juste part, conformément au principe démocratique de droits égaux.
Proposé par Albert Cornell, écuyer, secondé par M. Joseph Ellison.
RÉSOLU, 7 : Que la récente adoption par de fortes majorités, dans le parlement impérial, de résolutions destructives des privilèges du peuple de cette province, détruit toute la confiance que nous avons pu nourrir, en la justice ou la magnanimité du gouvernement britannique : qu'elle prouve que nos pétitions réitérées à un corps si déterminément hostile n'ont été faites qu'en pure perte, et nous regrettons d'autant plus la passation de ces résolutions qu'elles sont de nature à conduire à des mesures subversives des libertés des colonies avoisinantes et qu'elles serviront de précédent pour attaquer les droits du peuple britannique.
Proposé par M. Oren Davis, secondé par M. L. Meggs.
RÉSOLU, 8 : Que l'empiétement alarmante sur nos libertés reconnues, sanctionnée par l'une de ces résolutions, nécessite de notre part une condamnation énergique et une prompte résistance, en autant qu'elle pourra par la suite amener non seulement d'autres spoliations, mais aussi une taxation par un parlement étranger, où nous ne sommes par représentés.
Proposé par M. J. Coburn, secondé par M. Nathaniel Hart.
RÉSOLU, 9 : Que lorsque les revenus de la province sont dilapidés sans notre consentement, et distribués à des officiels, dont un grand nombre n'ont aucun droit à leur salaire, il devient de notre devoir, jusqu'à ce que nous puissions recourir à un mode de redressement plus efficace de nous abstenir autant que possible de la consommation d'articles venant d'outre-mer, ou payant des droits, afin que les revenus qu'on extorque aujourd'hui si injustement au peuple puissent être réduits au moindre montant possible.
Proposé par Nathaniel S. Brown, écuyer, secondé par A. Martindale, écuyer.
RÉSOLU, 10 : Qu'il est du droit positif d'un peuple de se procurer les objets de luxe ou de nécessité sur le marché le plus favorable; que, quand ce peuple abandonne ce droit, ou consent à payer des impôts sur des effets qui lui viennent de l'extérieur, comme un moyen convenable pour créer un revenu, c'est avec l'entendement exprès que la distribution de ce revenu ainsi prélevé, sera faite avec le consentement de ceux à qui il a donné librement son mandat pour le représenter, et que par conséquent, lorsque ce contrat est détruit par son exécutif, ou par quelqu'autre pouvoir étranger, le même peuple reprend son droit naturel, et les absout de toute obligation morale de contribuer au prélèvement de ce même revenu.
Proposé par M. L. Meggs, secondé par le docteur Bangs
RÉSOLU, 11 : Que vu les circonstances il est d'un devoir impérieux de nous préparer à une crise menaçante par une stricte économie dans nos dépenses domestiques, et par l'encouragement de manufactures et l'emploi des ressources internes au pays.
Proposé par M. C. Blinn, secondé par Horatius Rice.
RÉSOLU, 12 : Que nous devons aussi encourager un commerce libre avec les États-Unis d'Amérique, et nous appliquer à cultiver des relations intimes avec ce peuple puissant, notre allié naturel, uni avec nous par les liens du sang et sur la sympathie duquel nous pouvons compter avec assurance, en cas de lutte pour défendre nos droits.
Proposé par M. Jeremiah Boomhourd, secondé par M. Thimoty Jones.
RÉSOLU, 13 : Que la libéralité éclairée et l'honorable fermeté de la chambre d'assemblée de cette province méritent notre approbation; et qu'ayant la plus grande confiance dans l'inébranlable intégrité et dans les solides principes démocratiques de l'Honorable L. J. Papineau nous approuvons sa conduite politique passé et présente.
Proposé par Alanson Wells, écuyer, secondé par M. Bandanna Smith.
RÉSOLU, 14 : Que cette assemblée est d'opinion que la commission dont lord Gosford était le chef, était un vil subterfuge pour gagner du temps, semblable à ceux exercés sur les anciennes colonies avant la révolution américaine; qu'elle a cherché à atteindre son but par la flatterie et la déception, au moyen desquelles elle essaya de semer la division parmi les réformistes, et de plus cette assemblée considère le gouvernement de lord Gosford comme l'un des plus méprisables qui aient jamais existé en ce pays.
Proposé par John Hodge, secondé par le docteur Erastes Hawkes.
RÉSOLU, 15 : Qu'un comité de douze soit nommé comme comité de vigilance, avec pouvoir d'ajourner à son nombre, et dont le devoir consistera à s'assembler souvent pour conférer sur des intérêts de la communauté, expliquer la position des affaires publiques et pour correspondre avec le comité central du comté; qu'une délégation de quatre membres soit nommée pour ce comté, pour assister à toute Convention convoquée aux fins de délibérer sur l'état alarmant des affaires publiques en cette province; et que les personnes suivantes composent la délégation :
- Able L. Taylor, de Stanbridge,
- le docteur S. Brown, de Dunham,
- C. A. Seymour, de St-Armand,
- F. A. Cutter, de Sutton.
Que ce comité se compose des personnes suivantes :
- Pour Stanbridge : -- Geo. Chandler, Ray Steer, John Near.
- Pour St-Armand : -- C. A. Seymour, D. R. Gilbert, B. Smith
- Pour Dunham : -- Loomis Meggs, Moses Batcheldor, le Dr. L. Brown.
- Pour Sutton: -- Wm. Smith, F. A. Cutter, Stephen Powers.
La Minerve, 13 juillet 1837
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