Résolutions de l'assemblée de Saint-Ours

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Résolutions de l'assemblée du comté de Richelieu, tenue à Saint-Ours, le 7 mai 1837.
Sujets patriotes
dans Le Canadien du lundi 15 mai 1837[1]



L'assemblée du comté de Richelieu a eu lieu le 7 courant, à St-Ours. Douze cents personnes ont pris part à ses procédés marqués au coin de la vigueur, de la fermeté et du désir d'obtenir justice. Séraphin Cherrier, Écuyer, de St-Denis, présidait et J. P. Boucher-Belleville, agissait comme secrétaire. Le Dr. Wolfred Nelson de St-Denis et M. S. Marchesseault de St-Charles ont adressé à l'assemblée des discours qui ont été vivement applaudis.

Voici les Résolutions:

Proposé par le Dr. W. Nelson, secondé par M. J. B. Anger, de St-Denis.

RÉSOLU, 1 : Que nous avons vu avec les sentiments de la plus vive indignation les résolutions proposées à l'adoption de la Chambre des Communes, le 6 mars dernier, résolutions dont l'effet nécessaire est de nous enlever toute garantie de liberté et de bon gouvernement pour l'avenir dans cette province.

Sur motion de L. F. Deschambault, Écr., secondé par le Capt. Jalbert, de St-Denis.

RÉSOLU, 2 : Que l'adoption de ces résolutions sera une violation flagrante, de la part des communes et du gouvernement qui les a proposées, de la Capitulation, des traités portant des obligations réciproques, savoir de notre part amour et obéissance, de la part de l'Angleterre, protection et garantie de liberté, seraient virtuellement annulés par la violation de promesse d'une des parties contractantes.

Sur motion de Ol. Chamard, Écr., secondé par J. E. Mignault, Écr., de St-Denis.

RÉSOLU, 3 : Que dans ces circonstances, nous ne pourrions regarder autrement le gouvernement qui aurait recours à l'injustice, à la force et à une violation du contrat social, que comme un pouvoir oppresseur, un gouvernement de force, pour lequel la mesure de notre soumission ne devrait être désormais que la mesure de notre force numérique jointe aux sympathies que nous trouverons ailleurs.

Sur motion de H. Moger, Écr., secondé par M. A. Marchesseault, de St-Ours.

RÉSOLU, 4 : Que le machiavélisme qui depuis la Cession a accompagné tous les actes du gouvernement, la mauvaise foi qui les a caractérisés jusqu'ici, la faiblesse qui perce à chaque page du rapport des commissaires et dans les discours des ministres, où on ne rougit pas d'alléguer notre division et notre petit nombre comme motifs de nous refuser justice, ne nous inspirent que le profond dégoût et le mépris le plus prononcé pour les hommes qui commandent à un des peuples les plus grands, les plus nobles de la Terre, ou qui sont attachés à un tel gouvernement.

Sur motion de J. B. E. Durocher, Écr., secondé par le Capt. Côté, de St-Charles.

RÉSOLU, 5 : Que le peuple de ce pays a longtemps attendu justice de l'administration coloniale d'abord, du gouvernement métropolitain ensuite, et toujours inutilement. Que pendant 30 ans la crainte a brisé quelques-unes de nos chaînes, pendant que l'amour désordonné du pouvoir nous en imposait de plus pesantes. La haute idée que nous avons de la justice et de l'honneur du peuple anglais nous a fait espérer que le parlement qui le représente apporterait un remède à nos griefs. Ce dernier espoir déçu nous a fait renoncer à jamais à l'idée de chercher la justice de l'autre côté de la mer, et de reconnaître enfin combien le pays a été abusé par les promesses mensongères qui l'ont porté à combattre contre un peuple qui lui offrit la liberté et des droits égaux, et pour un peuple qui lui préparait l'esclavage. Une triste expérience nous oblige de reconnaître que de l'autre côté de la ligne 45 étaient nos amis et nos alliés naturels.

Sur motion du Capt. Beaulac (P.), secondé par le Capt. Chappedelaine (H.), de St-Ours.

RÉSOLU, 6 : Que nous nions au Parlement anglais le droit de législater, pour ce qui regarde les affaires intérieures de cette colonie, contre notre consentement et sans notre participation et nos demandes, comme le non-exercice de ce droit par l'Angleterre nous a été garanti par la constitution et reconnu par la métropole lorsqu'elle a craint que nous n'acceptions les offres de liberté et d'indépendance que nous faisait la république voisine. Qu'en conséquence nous regardons nuls et non-avenus l'acte des tenures, l'acte du commerce du Canada, l'acte qui incorpore la société dite Compagnie des terres; l'acte qui sera sans doute basé sur les résolutions qui viennent d'être adoptées par les Communes.

Sur motion de M. A. Ducharme, secondé par M. P. Tétreau, de St-Charles.

RÉSOLU, 7 : Que ne nous regardant plus liés que par la force du gouvernement anglais, nous lui serons soumis comme à un gouvernement de force, attendant de Dieu, de notre bon droit et de circonstances un sort meilleur, les bienfaits de la liberté et un gouvernement plus juste. Que cependant, comme notre argent public, dont on ose disposer sans aucun contrôle le gouvernement métropolitain, va devenir entre ses mains un nouveau moyen d'oppression contre nous et que nous regardons de notre devoir comme de notre bonheur de résister par tous les moyens actuellement en notre possession à un pouvoir tyrannique; pour diminuer autant qu'il est en nous, ces moyens d'oppression, nous résolvons.

Sur motion du Capt. Doyon, secondé par M. Ls. Métivier, de St-Ours.

RÉSOLU, 8 : Que nous nous abstiendrons, autant qu'il sera en nous, de consommer les articles importés et particulièrement ceux qui paient des droits plus élevés, tels que le thé, le tabac, les vins, le rhum, etc. Que nous consommerons de préférence les produits manufacturés en ce pays; que nous regarderons comme bien méritant de la patrie quiconque établira des manufactures de soie, de draps, de toiles, soit de sucre, de spiritueux, etc. Que considérant l'acte du commerce comme non avenu, nous regarderons comme très licite le commerce désigné sous le nom de contrebande; jugerons ce trafic très honorable; tâcherons de le favoriser de tout notre pouvoir, regardant ceux qui s'y livreront comme méritant bien du pays, et comme infâme quiconque se porterait dénonciateur contre eux.

Sur motion de Chs. Olivier, Écr., secondé par M. Chs. Lebeau, de St-Denis.

RÉSOLU, 9 : Que pour rendre ces résolutions plus efficaces, cette assemblée est d'avis qu'on devrait faire dans le pays une association patriotique dont le centre serait à Québec ou à Montréal, dans le but de s'engager à ne consommer, autant qu'il est en nous, que des produits manufacturés en ce pays, ou importés ici sans avoir payé de droits. Qu'à cet effet un comité de dix membres soit formé pour communiquer avec les autres comités qui pourraient être nommés dans les autres comtés, avec pouvoir d'ajouter à leur nombre. Que ce comité soit composé de Messrs. Boucher-Belleville, J. B. E. Durocher, O1. Chamard, J. E. Mignault, F. X. Poitevin, Ls. Moger, Dr. Dorion, Capt. Beaulac, Ls. Chappedelaine et Moyse Duplessis. Que ces 10 Messieurs aient pouvoir de nommer parmi eux deux personnes pour représenter ce comité à une Convention qui doit s'assembler.

Sur motion de H. Laparre, Écr., secondé par M. Jos. Dudevoir, de 'St-Denis.

RÉSOLU, 10 : Que pour opérer plus efficacement la régénération de ce pays, il convient, à l'exemple de l'Irlande, de se rallier tous autour d'un homme. Que cet homme, Dieu l'a marqué comme O'Connell pour être chef politique, le régénérateur d'un peuple: Qu'il lui a donné pour cela une force de pensée et de parole qui n'est pas surpassée; une haine de l'oppression, un amour du pays, qu'aucune promesse, aucune menace du pouvoir ne peut fausser. Que cet homme déjà désigné par le pays est : L. J. Papineau. Cette assemblée considérant les heureux résultats obtenus en Irlande du tribut appelé « Tribut O'Connell », est d'avis qu'un semblable tribut sous le nom de « Tribut Papineau » devrait exister en ce pays. Les comités de l'Association contre l'importation seraient chargés de le prélever.

Sur motion de M. Marchesseau, secondé par M. Ant. Lorendeau, de St-Charles.

RÉSOLU, 11 : Que cette assemblée ne saurait se séparer sans offrir ses plus sincères remerciements aux orateurs peu nombreux, mais zélés et habiles, qui ont fait valoir la justice de notre cause dans la Chambre des Communes ainsi qu'aux hommes honnêtes et vertueux qui ont voté avec eux, que pareillement les Industriels de Londres qui, avec un esprit de libéralité et de justice digne d'un peuple libre, ont représenté une requête à la Chambre des Communes en faveur de ce malheureux pays, ont droit à notre plus profonde reconnaissance. Que nos amis et frères de l'union politique de Toronto, méritent également nos remerciements pour la sympathie à notre égard qu'ils ont témoignée dans la série des résolutions passées le 17 avril dernier contre les mesures coercitives proposées par les ministres.

Sur motion de S. Cherrier, Écr., de St-Denis, secondé par M. Godefroy Cormier, de St-Ours.

RÉSOLU, 12 : Que cette assemblée entretient la conviction que dans une élection générale, dont le pays est menacé à l'instigation d'hommes faibles et pervers, aussi ignorant de l'opinion publique dans la crise actuelle qu'ils sont dépourvus d'influence, les électeurs témoigneraient leur reconnaissance à leurs fidèles mandataires en les réélisant de nouveau et en repoussant ceux qui ont forfait à leurs promesses et à leurs devoirs et qui ont trahi le pays, soit en se rangeant du côté de nos adversaires, soit en s'absentant lâchement lorsque le pays attendait d'eux l'expression honnête de leurs sentiments.


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