Pourquoi je suis séparatiste

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Pourquoi je suis séparatiste (extraits)
1961



Avant-propos

Marcel Chaput, biochimiste, essayiste, membre fondateur du RIN, fondateur du Parti républicain du Québec

Le monde est fait de séparatistes. L'homme qui est maître chez lui est séparatiste. Les 100 nations de la terre qui cherchent à conserver leur identité nationale sont séparatistes. La France et l'Angleterre sont mutuellement séparatistes, même devant le Marché commun. Et vous qui souhaitez le rapatriement de la Constitution canadienne, vous êtes séparatistes. La seule différence qui existe entre vous et moi, c'est que vous, vous voulez l'indépendance du Canada vis-à-vis de l'Angleterre et des États-Unis, tandis que moi, je veux l'indépendance du Québec par rapport au Canada. En termes mathématiques, l'indépendance du Québec est au Canada ce que l'indépendance du Canada est aux États-Unis et à l'Angleterre. Toutefois, le Québec a plus de raisons que le Canada anglais d'affirmer un tel particularisme puisque des quatre territoires, le Québec est distinct par la culture alors que le Canada anglais, les États-Unis et l'Angleterre sont identiques par la langue.

* * *

Malgré tout, le séparatisme a toujours eu mauvaise presse au Québec. Le terme séparatisme lui-même y est sans doute pour quelque chose. Il est négatif. Il ne semble pas inviter à construire.

Et pourtant, pour qui s'arrête à y penser un moment, le séparatisme mène à de grandes tâches: à celle de l'Indépendance et de la Liberté, à celle de l'Épanouissement de la nation et de la Grandeur française en Amérique.

Il est de bon ton en certains milieux de traiter les séparatistes de rêveurs. Dieu soi loué s'il est encore au Canada français des hommes et des femmes capables de rêve! Mais pour saisir la distinction entre le rêve réalisable et l'utopie, il faut au moins pouvoir se détacher d'un certain dogmatisme subjectif qui fait rejeter d'emblée l'indépendance du Québec avant même de l'avoir pensée.

Il est vrai que l'indépendance est beaucoup plus affaire de caractère que de logique. Car n'est pas indépendant qui veut. Plus que la raison, il y faut la fierté.

Si vous avez cette fierté dont sont faits les hommes libres, si vous pouvez vous dépouiller de toutes ces idées préconçues sur le sujet et apporter à la discussion un esprit sincère, capable de juger, alors, et seulement alors, asseyons-nous et causons.

* * *

Vous auriez tort toutefois d'attendre de ce livre une réponse à toutes vos questions sur l'indépendance du Québec: chacun des 21 cahiers qui le composent n'est en réalité que le germe d'autant de livres qu'il faudra bientôt écrire sur le sujet.

Vous auriez également tort d'y chercher une œuvre littéraire, vingt fois remise sur le métier: la montée récente du nouveau séparatisme a été trop rapide pour le permettre.

Vous auriez surtout tort de me faire dire que l'indépendance signifierait pour le Québec la fin de ses problèmes: je dis que l'indépendance en marquerait plutôt le commencement.

Pourquoi alors l'indépendance?

Parce qu'il est toujours souhaitable qu'un homme ou qu'un peuple normal soit libre.

* * *

D'aucuns trouveront à redire. Ce livre est trop court; je viens de le dire. Il ne règle rien: l'indépendance nous aiderait à régler beaucoup de nos problèmes. Il ne contient pas de programme politique: ici vous avez raison.

C'est qu'il faut savoir distinguer l'essentiel de l'accessoire, la fin des moyens, le permanent du provisoire.

Dans certains pays libres du monde, peut-être dans tous, le chef de l'État s'engage, à son arrivée au pouvoir, à maintenir l'intégrité du territoire et la souveraineté de la nation. Ce sont là des éléments permanents des constitutions. De même, ce livre traite surtout d'éléments permanents:

- Les Canadiens français forment une nation.

- La nation canadienne-française est une nation comme les autres.

- L'État du Québec est l'État national des Canadiens français.

- Pour progresser, les Canadiens français doivent être maîtres chez eux.

* * *

Un jour, il faudra parler des modalités du pouvoir. Mais chaque chose en son temps. La raison est simple: c'est que la nation est au-dessus des partis politiques et que l'indépendance est une chose alors que le régime ou l'idéologie politique en est une autre. Pour s'en convaincre il suffit de regarder les Nations Unies. Chacun des 99 pays qui composent cette organisation mondiale est un pays indépendant. Et pourtant, vous avez dans ces pays toute la gamme des régimes et des idéologies politiques: démocraties, dictatures, monarchies constitutionnelles ou absolues, régimes présidentiels et autres. De même, plusieurs de ces pays ont changé, au cours de leur histoire, de système et de régime. Ainsi la France, qui est indépendante depuis des siècles, fut tour à tour monarchie, empire et république.

Pas plus au Québec qu'ailleurs, on ne recherche l'indépendance pour y instaurer un système politique particulier. Quant à moi, l'État souverain du Québec devrait être une république et une démocratie.

* * *

Plan

6 SECTIONS, 21 CAHIERS

LES SIX DIMENSIONS: historique, politique, économique, culturelle, sociale, psychologique.

LES CINQ SOLUTIONS: assimilation, intégration, autonomie, confédération, indépendance.

LES QUATRE QUESTIONS: légitimité, viabilité, opportunité, possibilité.

LES TROIS OBJECTIONS: minorités, isolement, immaturité.

LES DEUX OPTIONS: minorité, majorité.

LA SEULE RAISON: dignité.

Les six dimensions du séparatisme

Nous ne sommes pas séparatistes, ne nous forcez pas à le devenir. Maxime Raymond

La dimension historique

Un vent mondial d'indépendance

Pourquoi l'indépendance? Nous sommes libres

Ressemblance et différence

Libertés individuelles et libertés collectives

Quelques traits de notre histoire

La Confédération: un moindre mal

Les deux poisons mortels de la Confédération

Et la nation canadienne?

Affrontement de deux nationalismes

La dimension politique

L'art de se gouverner

L'aspect constitutionnel

Le droit de désaveu

La Cour suprême

Le droit exclusif ou prioritaire du fédéral

L'aspect parlementaire

Le rôle politique d'une minorité

La campagne du recensement

Nécessité d'un équilibre

Démographie

Pacte entre deux grandes races

La dimension économique

Après tout, on est pas si mal

Un peuple en tutelle

...

La dimension culturelle

La dimension sociale

La dimension psychologique

Les cinq solutions

Self-government is better than good government. Les Anglais

L'assimilation totale

L'intégration lucide

L'autonomie provinciale

La véritable confédération

L'indépendance du Québec

Les quatre questions relatives à l'indépendance

Une nation a tout perdu quand elle a perdu l'indépendance. Napoléon

L'indépendance est-elle légitime?

Le Québec indépendant serait-il viable?

L'indépendance est-elle souhaitable?

L'indépendance est-elle réalisable?

Les trois objections majeures à l'indépendance

Quoi qu'on dise, le nationalisme est psychologiquement inévitable et nous sommes tous nationalistes. Sekou Touré

Les minorités françaises

L'isolement

L'immaturité

Les deux options de la nation canadienne-française

Celui qui se fait ver de terre peut-il se plaindre d'être écrasé? Kant

Rester une minorité dans un grand pays

Devenir une majorité dans un pays plus petit

L'unique raison de notre cause

Un peuple qui veut vivre doit faire autre chose que ne pas mourir. Lionel Groulx

La dignité

Notes


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