Option Québec

De La Bibliothèque indépendantiste
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Option Québec (extraits)
1968



En guise d'avant-propos - À l'heure du choix

On est tout à fait un homme social, digne de ce nom, que si l'on a une patrie qui vous soit propre et que nul ne vous puisse contester. Le plus souvent on naît dans une patrie; mais souvent aussi il faut, hélas, la conquérir. - Jacques Madaule

En octobre dernier, nous quittions le Parti libéral du Québec.

Six mois plus tôt, nous étions une vingtaine réunis dans une auberge du Mont-Tremblant pour faire le point, entre nous, sur la question constitutionnelle. À travers de nombreux incidents, dont la presse a largement fait état et qu'il n'y a pas lieu d'analyser ici, nous avons poursuivi recherches et réflexions qui devaient nous conduire à une option susceptible de réconcilier la réalité de l'interdépendance avec les exigences de la souveraineté politique nécessaire au développement des nations modernes, où l'État joue un si grand rôle dans la vie économique, sociale et culturelle des peuples.

Cette option pour un Québec souverain, associé au reste du Canada dans une nouvelle union, fait l'objet des textes que nous avons réunis dans ce petit livre à l'intention de tous ceux qu'il s'interrogent aujourd'hui sur l'avenir du Québec et du Canada.

Il ne s'agit pas d'un programme électoral. On ne trouvera pas dans cet ouvrage de réponse à tout. Mais on y trouvera un esprit et une option.

Nous sommes, croyons-nous, à l'heure du choix.

Un choix inéluctable qu'il nous faut avoir le courage d'envisager, sans nous perdre dans de vaines querelles de mots, de formules ou de personnalités.

La crise constitutionnelle canadienne n'est pas « une invention »... Non seulement elle existe, mais elle va sans cesse s'aggravant et approche du point d'ébullition.

Même ceux que cela dérange, même ceux à qui cela fait peur doivent se rappeler que c'est le Québec qui a déclenché cette crise - et que c'est lui aussi, par conséquent, qui doit trouver en lui-même la lucidité et le courage d'en amorcer le dénouement.

De quoi s'agit-il? Du droit de vivre sa vie, du droit de vivre notre vie; droit à la vie des hommes, qu'ils soient faibles ou puissants; droit à la vie des peuples ou des nations, quelle que soit leur taille.

Comme Fernand Dumont, directeur de l'Institut des sciences humaines de l'Université Laval, nous croyons « à la vertu des petites nations », et nous revendiquons pour la nôtre le droit à la vie.

Cette vie que nous voulons vivre est celle d'hommes libres dont nous voulons assumer pleinement la responsabilité; à moins d'être un enfant, on n'a pas le droit d'abdiquer cette responsabilité-là, de la troquer pour quelque tutelle que ce soit, si confortable soit-elle.

Mais cette vie, rien ne nous empêche de vouloir la vivre pleinement tout en l'associant naturellement à celle des autres, celle des autres hommes, celle des autres peuples, d'égal à égal.

C'est là ce que nous proposons aux Canadiens.

Quant à nous, nous ne voyons pas d'autre solution, non pas en désespoir de cause, mais à cause de l'espoir!

Cet espoir fondé sur la conviction que les peuples libres, comme les hommes, peuvent s'unir pour bâtir cette nouvelle société qui réponde à leurs besoins, pour édifier la cité libre de demain.

Nous avons un pays à construire, et il nous reste peu de temps pour le faire.

Roch Banville, Rosaire Beaule, Gérard Bélanger, Jean R. Boivin, Marc Brière, Pothier Ferland, Maurice Jobin, René Lévesque, Monique Marchand, Guy Pelletier, Réginald Savoie

Préface

Désormais, par-delà les luttes des partis politiques, par-delà les intérêts souvent mal dissimulés de certaines classes de la société, par-delà la peur viscérale du risque, il apparaît indiscutable que le Québec est tout entier engagé sur la voie irréversible de la souveraineté.

Ce n'est pas là un phénomène révolutionnaire. Une analyse historique attentive y voit le résultat actuel - qu'il s'agit de mener à sa perfection - d'une lente et laborieuse évolution qui remonte à deux siècles.

Ce qui apparaît nouveau, c'est l'accélération du mouvement et de la prise de conscience de plus en plus aiguë qu'il suscite à travers toutes les couches de la population québécoise. On sent, en retenant son souffle, que l'échéance approche.

Après la décantation opérée par le temps, il semble plus clair aujourd'hui que le régime Duplessis a donné naissance à deux tendances, au départ distinctes: la première en réaction à des années d'immobilismes, cherchant à promouvoir dans tous les domaines le développement social du monde québécois; la seconde, mettant l'accent sur la qualité du statut politique et des cadres constitutionnels à l'intérieur desquels devait se poursuivre le destin du Québec.


Au début, l'opposition entre les deux tendances a pu paraître irréductible à certains. Des réformateurs sociaux, notamment, qui n'avaient vu dans le nationalisme québécois qu'un exutoire factieux à des énergies qu'on eût mieux fait d'utiliser ailleurs - ce qui fut souvent le cas - s'en prirent aux avocats d'un Constitution réformée ou nouvelle, en particulier aux extrémistes qui commençaient alors à proposer brutalement le statut d'indépendance.

Ce que l'on a nommé le déblocage des années soixante, c'est-à-dire la remise en marche à un rythme plus normal de la société québécoise vers les idéaux connus de toute société moderne, a clairement démontré que le fossé était beaucoup plus illusoire que réel entre le social et le national. La majorité des réformateurs sociaux de la décennie 1950-1960, des antiduplessistes les plus acharnés, des vilipendeurs les plus assidus du nationalisme, se surprennent aujourd'hui à espérer que la Constitution canadienne soit corrigée pour permettre une plus grande aisance d'action à la communauté nationale du Québec. Peu importe les derniers récalcitrants qui, sous le signe de la colombe, s'efforcent de maintenir un statu quo politique qui s'écroule. Ils ont l'utilité des bornes qui permettent de mieux mesurer le chemin parcouru.

On ne peut faire que le développement de la société du Québec ne tende vers le développement de la nation québécoise jusqu'à s'y identifier. Plus libres, plus démocrates, plus instruits, plus riches, les Québécois ont nécessairement une conscience plus nette de leur unité de groupe et entrevoient plus clairement la souveraineté comme une condition essentielle au perfectionnement de leur collectivité. Le social nourrit le national jusqu'à ce que le national apparaisse comme la clé indispensable d'un mieux-être social.

Psychologiquement, nous en sommes là ou à peu près. Sur le plan tactique, nous en sommes à la quête des options qui accéléreront ou ralentiront le mouvement.

...

Première partie - Un pays qu'il faut faire

Chapitre premier - « Nous autres »

Chapitre II - L'accélération de l'histoire

Chapitre III - La Révolution tranquille

Chapitre IV - Les minimums vitaux

Chapitre V - Le cul-de-sac

Chapitre VI - Le chemin de l'avenir

Deuxième partie - Ce pays qu'on peut faire

Du politique à l'économique

Chapitre premier - L'association

I. Le pari

II. Le projet

Chapitre II - La période de transition

I. Le financement de l'État

II. Le maintien des investissements

III. Et la fuite des capitaux?

Troisième partie - Les annexes

Annexe I - Les statuts particuliers

Annexe II - La néo-centralisation

Annexe III - Québec-Canada: en plein cul-de-sac

Annexe IV - Le leurre du « biculturalisme »

Annexe V - Associations d'États souverains

Annexe VI - Autres témoignages

La souveraineté, condition de salut

L'indépendance du Québec

Annexe VII - L'opération-panique

Conclusion

Épilogue


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