Lettre des Canadiens au Consul de la République française à New York

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Lettre des Canadiens au Consul de la République française à New York
1795 ou 1796*

Reproduit par l'historien Michel Brunet dans l'article « Les Canadiens et la France révolutionnaire », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 13, n° 4, 1960, p. 467-475. [1] (AC, Affaires étrangères, Mémoires et documents, Angleterre, 2: 29-31)






Citoyen,

Recevez les vœux de la plus grande partie des Canadiens. Ils aiment tous la France, détestent l'Anglais et désirent ardemment de se voir réunis à la mère-patrie dont ils ont été séparés depuis trop longtemps. Ils voient avec peine que la Convention paraît les oublier. Depuis qu'ils gémissent sous le joug anglais, ces tyrans de jour en jour veulent rendre les fers plus pesants. Les Canadiens voudraient les briser, et pour les mettre à portée de le faire il ne faudrait qu'un coup d'œil favorable et un léger secours de la République, puisqu'il est vrai qu'il y a en Canada plus de 300 opprimés contre un oppresseur. Ces derniers font ce qu'ils peuvent pour diminuer nos forces qu'ils redoutent au point de former une compagnie de milice d'abord, de la diviser ensuite en deux, puis en quatre pour la rendre plus faible. Mais leurs efforts sont nuls puisque de tous les droits qu'ils nous imposent nous n'en voulons payer aucun et qu'ils n'osent employer la force pour nous y contraindre.

Les habitants disent d'une commune voix que leurs pères ont fait serment de fidélité à l'Anglais mais qu'eux ne l'ont pas fait, qu'ils défendront cependant l'Anglais contre tous ses ennemis, excepté contre les Français parce qu'ils ne porteront jamais leurs armes contre leurs pères, leurs frères ou leurs parents. Le plus cher de leurs désirs à présent est de voir l'attention de la France se fixer sur eux. Dès qu'ils en auront la preuve par la présence de la moindre force française, cette force accroîtra de suite de tous les habitants du Canada. Et leurs efforts se porteront contre une poignée impuissante d'Anglais qui ne conservent ce fertile pays que parce que la France a oublié jusqu'à ce moment de s'en ressaisir.

Les citoyens ci-après nommés entraînent avec eux le suffrage de tous nos habitants. Bons patriotes et bons guerriers, ils se réuniront avec les Français qui viendront les arracher au joug anglais. Au premier signal, ils seront suivis de tous ceux qu'il est impossible de nommer ici mais qui ont tous le même courage et le même amour pour la France et pour les Français.

J'ajouterai que tous m'ont chargé d'offrir aux Français leurs cœurs et leurs bras, et que s'ils eussent pu le faire sans risques je serais muni de la signature de tous.

[Suit une liste de noms avec quelques commentaires de peu d'importance.]

Notes

* La lettre est sans date.



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