Les finances publiques - point de vue indépendantiste

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Les finances publiques - point de vue indépendantiste
opinion parue dans La Presse, 14 février 2010



Il
 est 
intéressant 
d’examiner
 les
 récentes 
interventions 
de 
Lucien 
Bouchard
 dans 
une perspective 
souverainiste, 
en 
regard
 de 
l’analyse
 déposée
 cette 
semaine
 par 
le 
comité mandaté
 par 
le 
ministère 
québécois 
des 
finances. 
Le 
troisième 
et 
dernier 
rapport 
du 
comité
 consultatif 
sur 
l’économie
 et 
les 
finances 
publiques 
rejoint 
l’analyse 
des 
«
lucides
» 
de 
2005. Il 
vise 
manifestement
 à 
préparer
 l’opinion
 à 
une 
soi‐disant 
«
révolution 
culturelle
» 
qui commencerait
 avec
 le 
prochain
 budget 
du 
Québec. 
 Vision 
comptable



Ces 
interventions
 ont 
en 
commun 
une 
vision
 essentiellement 
comptable 
de 
l’avenir 
du Québec
 qui 
cherche 
à 
se 
donner 
l’allure
 d’un 
«
nouveau
» 
projet
 de 
société.
 Maintenant
 que les 
banquier s
ont 
créé 
une
 crise
 économique, 
maintenant 
que
 les
 gouvernements
 sont venus 
à 
la 
rescousse, 
il 
faut 
payer 
les
 pots 
cassés, 
à 
Québec 
comme 
à 
Ottawa. 

 Convenons 
tout 
de 
suite 
avec 
le 
comité 
que
 le
 statu
 quo
 n’est
 pas 
une 
option.
 Il
faut d’urgence
 empêcher 
le
 solde 
budgétaire 
du 
Québec 
de 
s’emballer. 
Au 
rythme 
actuel
 des dépenses,
 on 
passerait 
d’un
 déficit 
de 
près
 de 
5 
milliards 
en 
2009‐2010 
à 
plus 
de 
11 milliards
en 
2013‐2014
 (p.
23). 
Bien 
qu’il
 faille
 éviter
 une
 croissance 
rapide 
de 
la 
dette,
 cela n’implique 
pas 
toutefois 
qu’il 
faille 
ramener 
le 
déficit
 à
 zéro 
à 
la 
fin 
de 
cette
 période
 comme le 
propose 
le 
comité. 
Dans 
le 
Devoir
 du 
16 
février
 dernier,
 l’économiste
 Louis 
Gill
 a
 montré
 que 
les 
engagements 
bruts
 ou 
nets 
de 
toutes
 les 
administrations 
publiques 
au 
Québec restaient 
bien 
en 
deçà 
de 
la 
moyenne 
de 
l’OCDE. 
 Le 
rapport 
du 
comité
 est 
particulièrement 
fragile 
lorsqu’il 
regarde
 au
 delà
 de 
2013‐2014 jusqu’à 
2025‐2026. 
Il 
postule
 que
 les
 changements 
démographiques 
entraineront 
une
 baisse 
des 
revenus
 du 
Gouvernement
 du 
Québec,
 la 
croissance
 économique
 passant
 de 
2,2 % 
à 
1,4 
% 
en 
fin
 de
 période. Malgré 
cela, 
le 
comité 
juge 
que 
«
les
 moyens 
mobilisés 
par 
le 
gouvernement 
à 
partir 
de 2008‐2009 
sont
 largement
 suffisants
» 
(p.
34),
 et
 il 
ne 
recommande 
aucune
 autre 
mesure 
de stimulation 
de 
l’économie 
pour 
les 
prochaines 
15 
années
! 
Au
 contraire,
 il
 prône 
une
 diminution
 drastique 
des
 dépenses
 gouvernementales 
et 
une
 augmentation 
des 
tarifs
 des
 services 
publics
 plus 
fortes 
(scénario 
4) 
que 
dans 
le 
plan 
gouvernemental
 de 
l’automne
 2009 
(scénario
 3). 

 Bref,
on
nous
suggère

à
un
gouvernement
largement
impuissant
gérant
le
budget
collectif
 en 
mode 
décroissance 
sans 
le 
moindre 
projet
 collectif
 à 
l’horizon. 
Drôle 
de 
«
révolution
 culturelle
»
!

Un
 grand 
absent
 du
débat
 –
 le 
fédéral 
 Chose 
étonnante,
tout
 en 
écartant
 la 
souveraineté
 de 
l’écran
 radar,
 le
 comité 
exclu
 toute
 analyse 
de 
l’autre
 moitié 
de 
notre 
situation
 budgétaire
: 
le 
budget
 fédéral.
 
De
 ce 
côté,
on
 suppose 
que 
rien
 ne 
va
 changer 
d’ici 
quinze 
ans. 
Or 
le 
gouvernement 
fédéral 
fait
 face
 à
 un
 déficit 
pour 
2009‐2010 
que
 l’on 
évalue 
à 
plus 
de 
50 
milliards,
 la
 part 
du 
Québec correspondant 
à 
20 % 
de 
ce 
total.
 Ce 
déficit
 dépasse
 de 
16
 milliards $
 celui 
de 
1992‐1993,
 suite 
à 
quoi 
le 
gouvernement fédéral 
avait
 «
pelleté
» 
son 
déficit
 dans 
la 
cour
 des
 provinces
 entrainant
 des
 coûts 
sociaux
 élevés
 que 
les
 provinces
 ont
 du 
gérer. 
Lucien 
Bouchard
 s’en
 rappelle 
surement. 
Avec 
un 
tel
 trou 
budgétaire, 
s’imaginer 
qu’Ottawa 
ne 
coupera
 pas 
éventuellement
 dans 
ses
 transferts
 aux 
provinces 
est 
de 
l’ordre
 de 
la
 naïveté.
 N’en
 déplaise 
aux 
résignés
 il
 y
 a 
un 
lien 
direct
 entre 
notre 
situation 
de 
dépendance 
politique
 et 
la 
problématique 
des 
finances
 publiques
 du 
Québec.
 Après 
avoir
 dépensé 
sans 
compter
 pour 
redresser 
l’industrie 
automobile
 en 
Ontario
 et 
financer
 les 
pétrolières 
de 
l’ouest,
 le
 gouvernement
 fédéral
 va 
vouloir
 refiler
 une 
part 
de 
la 
facture
 aux 
provinces. 
On 
peut
 imaginer 
à 
quel 
point
 les
 scénarios
 provinciaux 
évoqués 
plus 
haut 
s’effondreront
 comme 
un
 château 
de 
carte.


Ce
 qu’on 
pourrait 
faire 
à
moyen 
terme 
 Accordons 
d’abord
 que 
rien 
ne 
sera
 facile
 du 
côté
 des 
finances 
publiques,
 mais
 examinons
 les 
moyens 
additionnels 
que
 nous 
donnerait 
un 
État
 québécois 
complet.
 
 S’il
 y 
a 
une
 chose 
qu’a 
démontrée
 la 
crise 
économique 
actuelle,
 c’est
 l’importance 
de 
l’État.
 Sans 
l’État
 et 
ses 
investissements
 massifs
 pour
 renflouer 
l’économie, 
nous 
allions 
vers
 la
 catastrophe.
 L’unité
 et 
la 
cohérence 
de 
l’action
 de 
l’État
 pour
 catalyser
 les
 moyens 
d’une
 société
 sont 
primordiales. 
Un 
État
 souverain
 ayant 
le 
double 
du
 budget
 de 
la 
Province 
de
 Québec 
aurait
 une 
marge 
de 
manœuvre 
plus 
grande
 pour
 faire 
face
aux 
crises 
budgétaires.


La 
duplication
 des 
services 
entre 
les 
deux 
paliers 
de 
gouvernements, 
source 
de 
dépenses
 inutiles 
et 
incohérentes, 
était 
évaluée 
à 

2,7
 milliards 
$ 
par 
an
 dans
 le 
rapport 
Legault
 de
 2005 
sur 
la 
base 
des 
chiffres
 de 
1994‐95. 
Elle
 s’élève 
probablement 
autour
 de 
4
milliards
 $
 maintenant.
 Par
 ailleurs,
 le 
comité 
Léonard 
du 
Bloc 
québécois 
a
 identifié 
quelques 
2
 milliards 
de 
dollars
 de 
coupures
 possibles 
dans 
notre 
part 
du 
budget 
fédéral 
annuellement.
 Un 
Québec
 souverain
 pourrait
 aussi 
réduire
 les 
490 
milliards
 de 
dollars
 projetés
 dans 
la
 défense
 au 
cours
 des 
20 
prochaines 
années,
 la 
part 
du 
Québec 
revenant 
à 
quelques 
5
 milliards 
$ 
par 
année.
 Les
 avantages 
accordés 
aux 
pétrolières
 de 
l’ouest 
et 
la 
fin
 de
 la
 mission 
en 
Afghanistan
 ajouteraient 
d’autres
 milliards
 d’économies
 dont 
la 
liste
 pourrait
 s’allonger. 
On
 aurait
 surement
 là 
de 
quoi 
financer 
les 
universités 
au 
lieu
 de 
refiler
 la 
facture
 aux 
étudiants.


Je
 refuse 
tout 
scénario 
fondé
 sur
 un 
maintient 
de 
la 
dépendance 
politique 
actuelle 
du
 Québec
 au 
delà
 de 
2012.
 Je 
n’attends 
rien
 d’autre 
du 
Gouvernement 
actuel
 que
 de 
faire 
des ajustements
 à
 court
 terme. 
Je 
souhaite
 que
 le
 Parti 
québécois 
fasse 
porter
 la 
prochaine
 élection
 sur 
un 
véritable 
projet
 de 
pays, 
intégrant 
le 
contrôle 
des 
finances 
publiques 
et
 l’investissement
 dans 
l’emploi
 et 
le
 développement 
durable. 
Nous
 devons 
nous 
donner 
les
 moyens 
d’un 
pays 
pour
 entrer 
dans 
l’économie 
du 
21ème 
siècle.
 Là 
est 
clairement 
notre avenir.



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