Le Kosovo et nous

De La Bibliothèque indépendantiste
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Le Kosovo et nous
20 février 2008

Transcrit par Benoît Rheault de:

Le blogue de Joseph Facal



Il est savoureux de voir le zèle avec lequel nos élites fédéralistes nous expliquent que le Kosovo et le Québec n’ont rien, mais strictement rien à voir.

Les différences entre le Québec et le Kosovo sont effectivement nombreuses et profondes. Mais l’intérêt du cas kosovar est ailleurs.

Depuis des années, on cherche à faire croire aux Québécois qu’il n’existerait, à travers le monde, qu’une seule et unique façon d’accéder à l’indépendance. On voit maintenant que cette question est infiniment plus complexe.

Les fausses évidences

Former Quebec minister, Uruguay-born Joseph Facal.

Par exemple, on nous a longtemps dit que ceux qui voulaient partir devaient obtenir la permission de l’État qu’ils désiraient quitter, ce qui excluait par définition une déclaration unilatérale d’indépendance. Le Kosovo illustre qu’une autre voie est théoriquement possible.

Depuis des lunes, on nous présente comme une vérité d’évangile qu’il faudrait une reconnaissance presque unanime de la communauté internationale. Rien de tel ici. Même des puissances comme la Chine et la Russie s’opposent à l’indépendance du Kosovo.

Pas de référendum au Kosovo non plus. Évidemment, ce serait pure folie de commencer à soutenir qu’un référendum ne serait pas nécessaire dans le cas du Québec.

On voit en revanche à quel point il est intellectuellement malhonnête de poser le seuil de 55% suggéré par l’Union européenne dans le cas du référendum tenu au Monténégro comme un précédent ayant désormais force de loi.

À chacun son contexte

Pendant longtemps, on nous a dit aussi que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne pouvait être invoqué que dans les cas des peuples en situation coloniale, ou lorsque l’État que l’on veut quitter n’est pas une démocratie.

Le Kosovo n’est pourtant pas une colonie, et la Serbie d’aujourd’hui est une incontestable démocratie.

Ah, mais les kosovars, eux, ont souffert, nous dit-on. C’est vrai, mais quel est le degré de souffrance requis pour se qualifier ? Et qui en juge ultimement ?

Au-delà des aspects légaux, on entend parfois dire que la petite taille et la mondialisation rendent négligeable le statut d’État souverain. Les kosovars ne semblent pas être de cet avis.

Deux conditions

Le Kosovo est-il un cas «particulier» ? Oui et non. Les indépendances survenues récemment dans le monde sont toutes si différentes l’une de l’autre qu’on pourrait raisonnablement plaider que chacune est un cas «particulier».

Est-ce à dire qu’il n’y a pas de règles, que le vide juridique est absolu ? Non plus.

Il existe bien quelques principes de droit international généralement admis en matière de sécession. Mais l’essentiel est que le droit s’ajuste habituellement à la réalité politique, plutôt que l’inverse.

Au fond, deux critères essentiels font foi de tout.

Ceux qui déclarent l’indépendance ont-ils un contrôle effectif sur le territoire qu’ils revendiquent ? Et y a-t-il une volonté politique nette de la part d’une majorité de la population concernée d’accéder à l’indépendance ?

En ces matières, il y a généralement plus de gris que de noir et de blanc. Il faut simplement en être conscient.

Note

Ceci est un article traduit du billet Le Kosovo et nous, publié sur Le Blogue de Joseph Facal. Ceci est une traduction originale et non-officielle pour ce site.