La très humble adresse des citoyens et habitants catholiques romains de différents états, dans la Province de Québec en Canada

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La très humble adresse des citoyens et habitants catholiques romains de différents états, dans la Province de Québec en Canada
1785




Source: [1]



Au Roy.

Sire,

Les bontés dont votre cœur loyal et généreux a pris plaisir à combler vos fidèles et loyaux sujets canadiens, les démarches actuelles et prématurées de vos anciens sujets résidents dans notre province et le petit nombre de nouveaux qui se sont joint à eux, nous font espérer que votre gracieuse majesté nous permettra de nous prosterner derechef au pied de son trône pour implorer sa bienfaisance et sa justice.

Dans les adresses que nous avons pris la libertés de faire passer a votre majesté, deux objets ont eu l'unanimité de nos concitoyens :

La religion de nos pères était pour vos nouveaux sujets, comme pour tous le peuples du monde, le point essentiel de nos demandes animées de cette confiance que la générosité de notre souverain nous inspirait. Nous espérions, et nous espérons encore, que votre majesté nous accordera les moyens nécessaires pour la perpétuer. Dans notre colonie, nous avons, très gracieux souverain, un besoin urgent de prêtres pour remplir les séminaires et missions de notre province. Des régents et des professeurs de cette classe, et de toute autre, nous manquent : nos collèges sont déserts. De ce défaut provient l'ignorance, et de là, la dépravation des mœurs. C'est un peuple soumis, un peuple fidèle, qui attend de votre clémence royale la liberté de tirer de l'Europe les personnes de cet état.

Le second objet, très gracieux souverain, était que sous quelque forme de gouvernement qu'il plairait à votre majesté établir en cette province, vos sujets canadiens catholiques jouissent indistinctement de tous les privilèges, immunités et prérogatives dont les sujets britanniques jouissent dans toutes les parties du globes soumises à votre empire. De ce second objet s'ensuivit notre désir le plus ardent de voir dans le Conseil législatif de notre province, un plus grand nombre de vos nouveaux sujets catholiques, proportionément à celui qu'ils composent de personnes expertes dans nos coutumes, qui devraient naturellement mieux connaître nos lois municipales, nous en feraient plus efficacement ressentir les avantages, suivant les intentions royales de votre majesté qui nous les a octroyés une colonie naissante, un peuple très imparfaitement instruit des lois et constitutions britanniques ne croit pas devoir inconsidérément demander des lois et coutumes à lui inconnues. Il doit au contraire, et telle est l'opinion de vos suppliants, s'en rapporter entièrement à la bienveillance de son auguste souverain qui sait mieux le gouvernement qui convient à ses sujets et les moyens les plus propres à les rendre heureux. Qu'il nous soit permis seulement d'assurer votre majesté, que nous ne participons en aucune mesure aux demandes de vos anciens sujets conjointement avec quelques nouveaux dont le nombre en égard à celui qui compose notre province ne peut avoir beaucoup d'influence que la majeure partie des principaux propriétaires de notre colonie n'a point été consultée.

Qu'il vous plaise, très gracieux souverain, considérer que la Chambre d'assemblée n'est point le vœu unanime, ni le désire général, de votre peuple canadien, qui par sa pauvreté et les calamités d'une guerre récente dont cette colonie a été le théâtre est hors d'état de supporter les taxes qui en doivent nécessairement résulter et qu'à bien des égards leur pétition parait contraire et inconsistante avec le bonheur des nouveaux sujets catholiques de votre majesté.

C'est pourquoi, très gracieux souverain, nous vous supplions qu'en considération de la fidélité et loyauté de vos sujets canadiens dont leurs ancien gouverneur, sir Guy Carleton, a éclairé la conduite dans les circonstances les plus critiques, il soit permis à nos évêques diocésains de tirer d'Europe les secours spirituels qui nous sont si indispensablement nécessaires; que le libre exercice de notre religion soit continué dans toute son étendue sans aucune restriction; que nos lois municipales et civiles nous soient conservées dans leur entier, et ces deux points avec les même prérogatives dont nos pères et nous jouissions avant la Conquête de ce pays par les armes victorieuses de votre majesté; que vos nouveaux sujets catholiques, qui forment les dix neuf vingtième de cette province, aient à l'avenir en proportion de ce nombre une plus grande part à la distribution de vos faveurs royales, et que dans le cas que votre auguste volonté fut d'acquiescer aux demandes de vos anciens sujets conjointement avec quelques nouveaux, il vous plaira surseoir votre décision royal jusqu'à ce que tous ces corps et états qui composent notre colonie aient été généralement et légalement convoqués ce que la saison trop avancée nous empêche de faire en ce moment, afin que par ce moyen le vœu unanime de notre nation puisse être transmis a votre majesté.

C'est ce que vos fidèles et loyaux sujets canadiens, fondés sur le droit naturel et plus encore sur vos bontés paternelles, espèrent humblement obtenir de leur très gracieux souverain. Il ne cesseront de prier pour la conservation de sa personne sacrée, pour son auguste famille et la prospérité de ses royaumes, tels sont les sentiments qui les font souscrire avec le plus profond respect,

Sire de votre majesté,

Les très humbles, très obéissants,
fidèles et loyaux sujets,

Pierre Amable de Bonne.

[au dos est écrit]

En présence des témoins soussignés, nous approuvons l'adresse à sa majesté britannique de l'autre part en opposition à celle tendante à une Chambre d'assemblée en cette province et ne sachant écrire avons faits notre marque ordinaire, autorisons et donnons plein pouvoir à quiconque des membres de notre comité de les y sous écrire.



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