« Appel à la justice de l'État (Épître au général Haldimand) » : différence entre les versions

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[[Catégorie:18e siècle]]
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Version du 28 juillet 2009 à 16:28


Appel à la justice de l'État
1784

Épître au général Haldimand.



Frontispice | Avertissement | Préface | Table des matières | Introduction | Lettre au roi | Lettre au prince de Galles | Première lettre à milord Sidney | Seconde lettre à milord Sidney | Épître au général Haldimand | Troisième lettre à milord Sidney | Quatrième lettre à milord Sidney | Lettre aux Canadiens | Questions du baron Masères | Cinquième lettre à milord Sidney | Sixième lettre à milord Sidney | Lettre circulaire | Errata


Monsieur,

Frederick Haldimand, Gouverneur du Québec de 1778 à 1786

Le règne de la tyrannie exercée dans le lointain et par députation, n'est pas de durée: c'est la scélératesse d'un perfide représentant, qui la fait naître: une surprise générale le laisse exister d'abord pour quelques moments; mais les cris des opprimés viennent bientôt frapper les oreilles du maître. Son cœur ému appelle sa justice qui se réveille et le prévaricateur abattu n'offre bientôt plus aux yeux effrayés que le spectacle hideux d'une victime humiliée, confondue et punie:

Lisez, Monsieur, dans mon mémoire, l'histoire lamentable de votre acharnement contre ma personne, dont je retrace une nouvelle image dans mes lettres au roi et à Milord Sidney: le meilleur des princes et le plus digne des ministres, ne ressemblent en rien à un général Haldimand. À cette différence jugez-vous vous-même et présumez la catastrophe désastreuse qui vous attend.

La communication que je vous donne ici généreusement de mes voies d'attaque est un monument authentique de la noblesse et de l'élévation de mes sentiments: elle vous invite à préparer vos moyens de défense, elle vous en indique même la marche: que pourriez-vous attendre de plus de la générosité, de la franchise, de la droiture d'un opprimé que vous avez écrasé sans franchise, sans droiture et sans générosité? Je ne sais si je me flatte dans le parallèle que je fais de vous et de moi; mais au moins crois-je assez me connaître pour pouvoir assurer d'honneur que les menées sourdes, les voies de complots, les pratiques ténèbres ne cadrent point avec ma façon libre et ingénue de penser et d'agir; et je dédaignerais d'une victoire que je ne devrais qu'à la surprise.

Ce sont-là, je ne l'ignore pas, les armes empoisonnées qu'on aiguise aujourd'hui contre moi à Québec: le mensonge, l'imposture, le parjure, ligués de complot, se mettent de la partie contre les intérêts de la vérité et de la justice de mes droits. Ce substitut, cet instigateur en chef de vos fureurs, qui, la lancette à la main, (instrument de sa profession primitive) est chargé de nous expliquer d'office les oracles de la jurisprudence française; je le vois, dis-je, ce magistrat travesti, apprêter et armer contre moi ses légions à la sourdine; mais que m'importe à moi de ses cabales? L'innocence pour triompher se suffit seule à elle-même; et pour le triomphe de la mienne, je ne veux que les lumières des juges, l'équité des jurés et l'authenticité de mes droits. L'humanité violée et en pleurs, toutes les lois divines et humaines foulées aux pieds, à la face de toute une province, plaident assez éloquemment ma cause; je n'ai besoin que de la publicité des faits. Vous m'avez confiné sans pitié, pendant 948 jours, dans les horreurs et les douleurs cuisantes d'une infâme prison: vous avez livré au pillage la brillante fortune dont je jouissais, à la gloire de ma droiture, comme le fruit mérité de mon industrie et de mes travaux: vous avez fait jouer toutes sortes de ressorts pour entamer et détruire mon honneur, quoique sans succès et à votre honte: en vain les plus honnêtes gens de la province offraient leurs fortunes et leurs personnes pour garant de mon innocence passée et à venir; en vain je réclamais juridiquement mon jugement; en vain j'insistais à grands cris d'être transporté en Angleterre, pour y être livré à toute la rigueur des lois; si je les avais violées. Non; votre barbare cœur s'est montré inexorable à toute demande judicielle. Ce n'est point la justice ni ma justification que vos passions voulaient; elles ne respiraient que ma destruction; et ma captivité prolongée pouvait seule en être le triste prélude et l'incontestable garant.

Elle a cessé enfin cette captivité; mais ce n'a été que quand des infirmités accumulées ont fait justement présumer qu'elles me creuseraient d'elles-mêmes et sans éclat mon tombeau: au moins en finissant a-t-elle été marquée des mêmes traits de noirceur, qui avaient signalé ses commencements. Mon honneur offensé demandait que ce fût la voix de la Justice qui prononçât mon élargissement: je m'obstinais donc à rester dans les fers: on a été réduit à me chasser de ma prison. La violence m'avait emprisonné, la violence m'a élargi: la marche est uniforme jusqu'au bout: la tyrannie ne s'est point démentie de ses fureurs.

Les lois irritées vous réclament et vous attendent à Londres, pour vous demander compte de ces horreurs, qu'elles proscrivaient par leur justice et leur humanité, dont, en qualité de gouverneur, c'est-à-dire de représentant du plus juste, du plus humain des Princes, vous deviez être le premier défenseur et le gardien en chef. Si par début elles ne vengent pas, à votre arrivée, ma longue captivité par la vôtre, vous le devrez à vos cautions: préparez-les, Monsieur; je vous y invite et j'y consent. Les juges; plus humains, plus fidèles aux lois que vous, les accepteront: j'y souscris d'avance; car l'exemple de votre inhumanité envers ma personne, ne ferait pas, à mon tribunal, une raison pour justifier la mienne à votre égard. Je fais gloire de n'avoir rien de commun avec vous dans ma façon de penser et d'agir. Adieu, Monsieur, nous nous reverrons aux pieds des tribunaux. Vous ne serez plus là cet impérieux gouverneur de Québec qui faisait sonner si haut le nom absolu de maître, qui érigeait la volonté en loi unique de la province et qui se vantait de n'être justiciable que de lui-même. Non, ce despote ne sera plus. L'entrée des tribunaux aura renversé ce colosse du haut de son trône usurpé: vous ne serez plus là que M. Haldimand, c'est-à-dire un petit individu isolé, un simple particulier tel que moi: cette égalité, ou plutôt cette supériorité que j'aurai sur vous, (car ce sera à moi à parler en chef et à vous à me répondre en justification, c'est-à-dire que j'aurai sur vous la supériorité que l'oppression donne à l'opprimé sur l'oppresseur); cette supériorité; dis-je, sera la première justice que les lois destinent à la province de Québec et à moi, pour les hauteurs que votre tyrannie s'est arrogées et sur elle et sur moi. Voilà la moindre partie du sort qui vous attend, à moins que vous ne lui échappiez par une fuite clandestine, lâche, honteuse, assortie en un mot au tissu de vos procédés. C'est bien alors que Sa Majesté reconnaîtrait avec indignation la méprise du choix de votre personne, pour représenter le meilleur des princes; c'est alors que l'horreur de tous les honnêtes gens vous accompagnerait dans votre indigne retraite: vous n'y figureriez plus qu'en misérable réfugié, moins odieux encore par ses malversations, que par la trahison faite aux lois, préposées pour les punir. L'événement décidera bientôt de ce que vous êtes et de tout ce que vous devez être jusques dans le fond du tombeau.

Du sein de mon cachot, je vous avais fait annoncer par le supérieur monacal de ma prison militaire, qui, sous un froc religieux, vous ressemble pas mal; je vous avais, dis-je, fais annoncer la vigoureuse défense que je méditais contre vos violences. Je tiens parole: me voilà quitte de mes engagements envers vous: il ne vous reste plus qu'à partir; je vous attends.

Je suis autant que je le puis être d'honneur,
Monsieur,
votre très-humble serviteur,
Pierre du Calvet.



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