Proclamation de la République irlandaise de 1867
RÉSUMÉ: Proclamation de la République irlandaise parue dans le Times de Londres le 5 mars 1867 à la veille du soulèvement des Féniens en Irlande. ÉDITIONS: Traduction française : Texte traduit par Mathieu Gauthier-Pilote en mail 2013. Autre(s) traduction(s) : [1] / Original anglais : [2], [3], [4], etc.
Le peuple irlandais au monde
Nous avons souffert des siècles d’atrocité, de pauvreté forcée et d’âpre misère. Nos droits et nos libertés ont été foulés aux pieds par une aristocratie étrangère, qui, nous traitant en ennemis, a usurpé nos terres et drainé hors de notre malheureux pays toutes les richesses matérielles. Les véritables propriétaires du sol ont été chassés pour faire place au bétail et conduits de l’autre côté de l’océan pour y chercher les moyens de survivre et de récupérer les droits politiques qu’on leur refusait dans leurs pays : tandis que nos hommes d’esprit et d’action étaient condamnés à perdre la vie ou la liberté. Mais nous n’avons jamais perdu le souvenir et l’espoir d’une existence nationale. Nous avons en vain fait appel à la raison et au sens de la justice des pouvoirs dominants. Nos doléances les plus modérées ont été reçues avec railleries et mépris. Nos appels aux armes ont toujours échoué.
Aujourd’hui, n’ayant plus aucune alternative honorable, nous en appelons encore une fois au dernier recours que constitue la force. Nous assumons les conséquences de cet appel, considérant vaillamment qu’il vaut mieux mourir dans la lutte pour la liberté que de persister dans une existence de servage total.
Tous les hommes sont nés avec les mêmes droits, et en s’associant pour se protéger les uns les autres et partager les fardeaux publics, la justice exige que de telles associations s’établissent sur la base du maintient de l’égalité au lieu de sa destruction.
Nous déclarons donc que n’étant plus capables d’endurer la malédiction du gouvernement monarchique, notre intention est de fonder une République sur la base du suffrage universel, qui garantira à tous la valeur intrinsèque de leur labeur.
Le sol de l’Irlande, possédé à l’heure actuelle par une oligarchie, nous appartient à nous, le peuple irlandais, et c’est à nous qu’il doit être restitué.
Nous nous déclarons aussi en faveur d’une absolue liberté de conscience et de la séparation complète de l’Église et de l’État.
Nous en appelons au Tribunal Suprême pour attester de la justesse de notre cause. L’Histoire témoigne de l’authenticité de nos souffrances et nous déclarons, à la face de nos frères, que nous ne faisons pas la guerre au peuple d’Angleterre, que notre guerre se fait contre les criquets aristocrates, qu’ils soient anglais ou irlandais, qui ont dévoré la verdure de nos champs, contre les sangsues aristocrates qui vident nos champs et les leurs.
Républicains du monde entier, notre cause est votre cause. Notre ennemi est votre ennemi. Que vos cœurs soient avec nous.
Quant à vous, travailleurs de l’Angleterre, ce ne sont pas seulement vos cœurs que nous souhaitons avoir avec nous, mais aussi vos bras. Rappelez-vous la famine et la dégradation apportées dans vos foyers par l’oppression du travail. Souvenez-vous du passé, regardez bien en direction de l’avenir, et vengez-vous en donnant la liberté à vos enfants dans la lutte pour la liberté humaine qui commence.
Par la présente, nous proclamons la République irlandaise.
Le Gouvernement provisoire.
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