Des provinces de l'Amérique du Nord et d'une union fédérale
Note des éditeurs
Nous avons obtenu de l'auteur de cet ouvrage la permission de publier ce volume. Nous avons cru le moment bien choisi pour remettre devant les yeux du public canadien, sous une forme compacte, çe travail entrepris pour les colonnes du Courrier du Canada, et publié dans ce journal, dont le tirage est déjà épuisé, au point que nous avons eu bien de la peine à nous procurer tous les numéros qui nous étaient nécessaires.
Plus que jamais, en effet, l'esprit public est préoccupé de l'importante question de la Confédération des Provinces de l'Amérique du Nord, et dans les débats qui viennent d'avoir lieu, au sein de nos Chambres Législatives, maintenant en session, presque tous les orateurs ont fait allusion à ce sujet.
Cette brochure devra, nous l'espérons, être reçue avec faveur par le public, sur lequel nous avons compté en entreprenant à nos frais cette publication assez couteuse, si l'on considère les difficultés et les mécomptes dont sont entourées dans ce pays les œuvres de la publicité.
BROUSSEAU FRÈRES,
Libraires-éditeurs à Québec.
Note de l'auteur
Le temps nous manquant pour revoir ce travail, nous le reproduisons exactement dans la forme qu'il affectait, lorsque nous le publiâmes dans le Courrier du Canada; nous contentant forcément de corriger quelques erreurs importantes de chiffres et autres, qui toujours se rencontrent dans les colonnes des journaux.
Cet opuscule est divisé en trente trois chapitres, ou plutôt trente trois articles, qui ont été successivement publiés dans autant de numéros divers du journal que nous venons de nommer, à dater du 7 Juillet 1857.
J. C. TACHÉ,
Québec, 20 Avril 1858.
Chapitre 1. Introduction
Depuis déjà plusieurs années l'opinion publique se préoccupe du vaste projet de réunir les provinces de l'Amérique du Nord, dans une confédération dont l'importance ne peut manquer de frapper l'esprit de tout homme tant soit peu versé dans la connaissance de l'histoire et des ressources de ces telles colonies. Quelles que soient les opinions présentes de chacun, quels que soient les rêves d'avenir, modérés ou extravagants, il n'en est pas moins universellement admis que les vastes possessions anglaises du nord de ce continent sont appelées, dans un temps plus ou moins prochain, à jouer un rôle comparativement important.
Ceci posé, il est donc tout naturel qu'on prenne le souci d'étudier la question de fonder un ordre de choses qui puisse donner aux vœux légitimes des diverses populations, aux intérêts multiples qui se trouvent en jeu, et aux exigences de la politique générale, toutes les garanties nécessaires d'ordre, de force et de liberté.
Nous croyons le temps arrivé pour le peuple de ces provinces et pour la métropole de s'occuper sérieusement et avec toute la bonne foi, l'attention, la liberté d'esprit et la largeur de vue que le sujet comporte, de cette importante question : non pas que nous voulions dire que la réunion de toutes ces provinces sous un gouvernement fédératif,—(pour moins nous embarrasser, nous préjugeons ici la solution de la question d'avenir en faveur d'une confédération à notre point de vue)— doive avoir lieu sans délai et qu'on doive de suite la constituer ;—non—nous serions au contraire bien fâché de voir la question décidée par l'adoption d'une constitution et de dispositions organiques, avant qu'on ait eu le temps de consulter toutes les opinions qui peuvent surgir de la discussion large du projet. Mais d'un autre côté nous n'aimerions pas à voir ajourner indéfiniment une mesure qui doit venir par la force des choses, sous une forme ou sous une autre, sous un nom ou sous un autre, d'une manière ou d'une autre et cela dans un futur qui ne peut être très éloigné. Nous laissons de côté, donc, la question de temps, pour étudier la chose dans son mérite intrinsèque et dépouillée de tous les calculs de la politique actuelle, comme de toutes les utopies sur la forme et les principes des gouvernements.
L'importance de la question de l'avenir de ce vaste pays que forment les possessions anglaises de l'Amérique septentrionale, se rattache à plusieurs ordres d'idées qui font un devoir à ceux qui veulent s'en occuper de s'élever au-dessus des petites spéculations du moment. Nul doute, et la chose paraît parfaitement comprise maintenant, nul doute que cette question de notre avenir ne se lie directement et intimement avec la politique générale des nations, avec les intérêts communs des empires: c'est ensuite une question américaine ; puis une question qui intéresse au plus haut point l'Angleterre notre métropole en particulier; puis enfin c'est, avant tout pour nous, une question d'héritage à laisser a nos descendants.
Avant d'examiner, dans la faible mesure qu'il nous est donné de le faire, dans ces articles improvisés, la question elle-même à ses divers point de vue, il est nécessaire de dire un mot de l'étendue et des ressources que présentent les différentes provinces que relient entre elles des intérêts communs : ce sera un moyen de convaincre de l'importance du sujet ceux qui n'en seraient pas encore convaincus, ou ceux qui n'y auraient pas encore pensé, et c'est du reste le point de départ obligé d'un examen de ce genre. Nous dirons ensuite un mot du passé avec lequel il faut toujours compter dans l'étude d'une semblable question.
Il est bon, il est utile au reste de mettre souvent sous les yeux de notre peuple ces choses et ces faits relatifs au pays : leur contemplation est propre à inspirer des idées élevées, à donner de la vigueur à nos pensées et à nos espérances, et cet ensemble, cette communauté d'aspirations qui fondent les états solides et posent les bases d'un ordre de choses bon et durable.
Quand on examine la marche de l'homme dans la conquête de la nature sauvage ; quand on a sous les yeux les progrès matériels accomplis dans les États-Unis et sur notre propre territoire ; quand on songe à l'étendue des ressources de ces vastes possessions anglaises de l'Amérique du Nord, et au nombre d'émigrés de toutes les nations que le trop plein de l'Europe envoie chaque année vers ce continent de l'Amérique, on demeure convaincu de l'importance des questions que soulève l'avenir de ces contrées.
L'Amérique Britannique du Nord forme un territoire presque aussi grand que l'Europe entière, s'étendant de l'Atlantique au Pacifique et du quarante cinquième degré de latitude à l'Océan Glacial, couvrant une superficie totale de près de quatre millions de milles carrés ; mais qui n'offre encore, à tout compter, qu'une population qui n'atteint pas le chiffre de quatre millions d'âmes.
Quelles espérances ne peut-on pas fonder sur l'avenir matériel de cette immense contrée qui renferme les provinces des deux Canadas, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de Terreneuve, de l'Ile du Prince Édouard, les territoires de la Baie d'Hudson et l'Ile Vancouver ; quand on pense aux richesses d'un sol presque partout remarquablement fertile, (nous exceptons l'extrême Nord), aux ressources qu'offrent à la colonisation les matériaux que les siècles ont thésaurisés dans les forêts, aux immenses pêcheries du Golfe, capables par elles-mêmes d'approvisionner le monde entier de poisson des meilleures espèces ; quand on remarque que tout ce vaste continent offre, dans ses différentes conformations géologiques, les richesses minérales des dépôts les plus précieux, et que dans son sein la nature à disposé, comme à l'envie, des voies de communication d'une grandeur incroyable. Le sol fertile de ces provinces que traversent dans toute leur étendue les fleuves Saint-Laurent et Saint-Jean, ou que baignent les eaux du Golfe ou des grands lacs, les superbes forêts que parcourent les immenses rivières Outaouais, Saint-Maurice et Saguenay, les mines de cuivre des bords des Lacs Supérieur et Huron, les mines de fer du Bas-Canada, les mines de charbon de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, les ports de mer de Québec, Halifax et St. Jean, les dépôts de minérais de tous genres dans toutes ces provinces : tout cela constitue un ensemble de moyens qui, si on les suppose mis en œuvre par une population suffisante, gouvernée par un système politique fondé sur les véritables principes d'ordre et de liberté pour tous, rend justifiables les calculs les plus vastes, les prédictions les plus extraordinaires, eu égard à l'état actuel des choses.
Mais pour seconder la marche des événements qui devront amener ce pays à prendre dans le monde la position que lui assignent tous ces avantages accordés par la Providence, il faut que nous, ses habitants, à qui le travail en est confié, il faut que, mettant de côté toutes les petites idées, toutes les utopies irréalisables, nous prenions la chose au sérieux, et donnions à tous les éléments qui se produisent dans ce grand concours la légitime influence à laquelle chacun a droit ;—mais avant d'entrer plus loin dans cet ordre de pensées, donnons quelques renseignements de détails qui sont indispensables à l'étude rapide que nous voulons faire.
Pour permettre de développer une question comme celle que nous voulons esquisser, il est nécessaire de donner le profil, un aperçu de la physionomie des vastes pays dont il s'agit, en disant un mot du territoire, de la population et des éléments religieux et sociaux qui la composent, des circonstances de lieu et de voisinage, et des événements historiques du passé, comme moyen de comparaison avec le présent et de calcul pour l'avenir.
Naturellement toutes ces petites études seront courtes et rapides comme les instants que nous pouvons consacrer à un travail de ce genre ; mais telles quelles, elles sont indispensables, avant d'entrer dans les entrailles de cette question dont on a beaucoup parlé, mais qu'on n'a jamais sérieusement discutée, que nous sachions, excepté, peut-être, dans le célèbre rapport de Lord Durham en 1839 ; mais ce rapport, écrit sous l'influence des événements de '37 et '38, n'avait que deux résultats en vue, quelque chose qu'on en puisse dire : prévenir le retour d'une insurrection et noyer la nationalité canadienne-française. Au reste, nulle grande pensée d'avenir indépendant, nulle large prévision en dehors d'une politique mesquinement et exclusivement coloniale, ne ressortait de la teneur comme des suggestions de ce rapport.
Lord Durham y soumettait trois plans au colonial office :
- une union fédérale des provinces, Haut-Canada, Bas-Canada, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse (les iles du Prince Édouard et du Cap Breton devant faire partie de ces deux dernières provinces) ;
- une union législative de toutes ces provinces sous un gouvernement unique ;
- une union législative du Haut et du Bas-Canada. L'adoption de ce dernier système devait, entre autres choses à produire, amalgamer les Canadiens-Français avec les Anglo-Saxons et donner les moyens de mettre plus d'économie dans les dépenses du gouvernement.
On voit quel énorme déficit il se trouve dans la somme des résultats promis par le noble Lord, comparée à la somme des résultats réalisés ; ainsi la race française n'a pas été amalgamée (le mot est délicieux, n'est-ce pas ?) et les dépenses du gouvernement ont augmenté dans une proportion décuple du chiffre de la population quand au Bas-Canada au moins.
Notes
Nous écrivions ce qui précède le 7 Juillet 1857, et ce qui suit les jours suivants : nous étions bien convaincu alors que la question de la Confédération des provinces de l'Amérique du Nord est une question presque vitale ; nous étions bien certain qu'il faut qu'elle arrive à une solution assez prochaine, par la force même des choses, malgré ce qu'en ont dit alors des journalistes qui ont combattu nos idées ; mais nous n'osions pas espérer lui voir faire, dans le court espace de moins d'un an, les progrès qu'elle a faits depuis.
Aujourd'hui cette question est dans toutes les bouches : un membre de notre Législature M. Galt vient de la soumettre, pour la seconde fois, à la discussion en Chambre, et toute la presse s'en occupe. Un journal de Toronto le Colonist, vient d'en faire le sujet d'un excellent article qu'il serait trop long de reproduire dans cette note. Le Kingston Morning Herald, en annonçant la nouvelle d'un projet de confédération des provinces australiennes, disait il y a quelques jours :
si une union fédérale peut convenir aux provinces australiennes qui ne comptent que des petites populations éparses, et dont l'industrie ne s'exerce encore que dans l'exploitation des mines et des troupeaux :—que ne produirait pas le principe de la confédération appliqué aux provinces de l'Amérique du Nord, avec un territoire qui s'étend de Terreneuve à Vancouver, qui offre le meilleur lieu d'élection pour l'établissement d'une railroute devant aller d'un océan à l'autre.... Il serait prématuré de dire ce que pourrait devenir une union formée de Terreneuve, de l'Ile du Prince Édouard, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, des Canadas, de la Rivière Bouge, de la Saskatchéouanne et des antres territoires, constitués en dix provinces confédérées?
M. Alexandre Morris, écrivain déjà avantageusement connu en Canada, traitait il y a quelques jours aussi le même sujet dans une étude faite devant la Mercantile Library Association de Montréal.
Le sujet, a-t-il dit, s'empare de l'esprit public. —La presse commence à se déclarer en faveur.—Les hommes politiques s'en occupent.—Il y a quelques années il n'en n'était point ainsi.—Ceux qui auraient osé en plaider la cause auraient été en avant de leur temps et n'auraient été regardés que comme des visionnaires.—Les choses sont bien changées. La discussion d'un pareil sujet ne peut qu'être utile, et l'étude de tout ce qui tient à cette question ne peut que donner de la largeur à notre politique et inspirer de la vigueur aux aspirations des populations britanniques américaines....
Ajoutons à cette citation des paroles de M. Morris, les sages axiomes sur lesquels M. Morris conseille de baser les principes qui doivent nous guider.
Si vous voulez commander le respect, dit-il, distinguez vous par la sagesse et l'ampleur d'un bon système d'instruction publique ;—par votre respect constant pour les libertés civiles et religieuses ;—par le respect public pour les commandements de celui qui dirige tout et pour l'enseignement des préceptes qu'il a donné au monde ;—par l'honorabilité de vos relations commerciales ;—par votre empressement à satisfaire à vos obligations financières publiques ;—par le respect pour les pouvoirs existants ; et par l'intelligence complète des devoirs de votre position.
Chapitre 2. Terreneuve
On ne doit pas s'attendre à trouver ici, sur les pays dont l'avenir nous occupe, des renseignements complets, encore moins minutieux; mais simplement une vue d'ensemble. Comme les documents statistiques qui existent datent presque tous, déjà, de quelques années, nous prendrons pour point d'arrêt déterminé l'année 1857, en établissant, en nombres ronds, nos chiffres sur les proportions que signalent les différents recensements comparés, et cela pour une époque plutôt que pour une année. On sent de suite qu'il serait inutile et seulement embarrassant de surcharger les quelques détails nécessaires de nombres fractionnaires qui, vrais dans le moment, ne le sont déjà plus l'instant d'après : il n'en est pas ainsi des moyennes relatives, dont l'utilité se maintient pour une assez longue période de temps.
Parmi les provinces qui composent ce vaste empire, encore enveloppé dans les langes de l'enfance, sont comprises les provinces de Terreneuve, de l'Ile du Prince Édouard, les territoires de la Baie d'Hudson, du Nord-Ouest et l'Ile de Vancouver dont nous parlerons un peu plus au long, en conséquence de la situation particulière dans laquelle ils se trouvent, et du peu de cas qu'on en a fait jusqu'à ce jour. Nous ne dirons des provinces des Canadas, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, qui nous sont bien connues, que ce qu'il est strictement nécessaire de mettre sous les yeux du lecteur, pour l'appréciation des idées que nous allons émettre et des suggestions que nous nous permettrons de faire.
Terreneuve est surtout un pays de pêche ; le mieux situé du monde pour cette industrie. Placée comme est cette île sur le sommet des bancs du même nom, toutes les espèces les plus précieuses et les plus convoitées des habitants de la mer se rendent à ses rivages et habitent, presque toute l'année, les côtes si curieuses de Terreneuve. Cette grande et importante île présente une côte dentelée de baies profondes, dont quelques-unes pénètrent pour des lieues et des lieues dans l'intérieur. Le sol de Terreneuve, malgré les préjugés qui ont cours à ce sujet, peut offrir un champ d'exploitation à une population agricole très nombreuse.—On conclut trop souvent de l'existence d'un fait à la nécessité de son existence :—de ce qu'une très petite partie du sol de Terreneuve est en état de culture, de ce que la population s'occupe presque exclusivement de pêche, on a déduit l'opinion que le sol est impropre à la culture ; mais le fait est que ceux qui s'y adonnent à l'agriculture, dans les bons endroits, réussissent à merveille.
Les explorations très imparfaites qu'on a poussées jusque dans l'intérieur de l'Ile ont démontré que le sol, couvert de belles forêts, est de bonne qualité ; bien que parsemé de chaines de montagnes peu élevées et coupé de lacs et de rivières innombrables. Le climat est à peu près celui du Canada, avec cette différence, dans la météorologie du lieu, que la partie Est est constamment battue par les vents et visitée par des brumes épaisses.
L'aspect du littoral de Terreneuve, surtout du côté de la mer, contribue à donner, aux visiteurs d'un instant et superficiels, l'idée d'une terre incapable de produire ; en effet la côte se compose, jusqu'à une petite profondeur, en général, de rochers nus aux mille formes pittoresques, ou de vallons couverts de mousse, au milieu desquels croît une espèce de pin-nain qui s'élève à environ six pieds de terre. La tige de ces pins se termine par une espèce de tête d'où partent, à angle droit, des branches fortes et rugueuses, donnant à une rangée de ces arbustes l'apparence d'une haie taillée.
La population de Terreneuve, ne s'occupant à peu près que de pêche, de commerce et de navigation, n'habite que le littoral. La France jouit d'une partie assez considérable de ce littoral pour l'usage de la pêche, dans les régions Ouest et Nord de l'île, en vertu du traité de Versailles.
La population de toute l'île de Terreneuve est assez difficile à établir, en conséquence des habitudes de ses habitants, dont bon nombre sont des nomades de la mer : elle ne dépasse pas 150,000 âmes, dont 25,000 appartiennent à la capitale Saint-Jean. La majorité de cette population est catholique. Sur ce chiffre de résidents et de visiteurs réguliers des côtes, à peu près 20,000 appartiennent à l'origine française.
La superficie de l'île de Terreneuve, autant qu'on peut l'établir, malgré l'extrême irrégularité des dentelures de ses côtes, est d'à peu près 4,000 lieues carrées(1); c'est-à-dire, aussi grande que celle de l'Irlande. De cela environ 300,000 arpents sont occupés et 100,000 arpents seulement sont eu culture. On peut évaluer le revenu public moyen, somme ronde, à £80,000 et la dépense moyenne de l'état à la même somme. On peut estimer la moyenne des importations et des exportations, qui se balancent à peu près, à £1,000,000 pour chaque item. La production agricole annuelle peut être estimée en valeur à £300,000. La pêche produit immensément et, sans faire mention de l'énorme quantité consommée par les habitants, les produits de cette industrie fournissent presque exclusivement cette valeur de £1,000,000, portée à l'état des exportations.
La pêche seule du loup-marin qui se fait au printemps, au milieu des glaces de l'océan, occupe au-delà de 10,000 hommes et près de 400 goélettes et brigantins. On calcule qu'environ 10,000 bateaux, montés par plus de 30,000 pêcheurs de tous âges, sont sans cesse, occupés sur les côtes et sur les bancs.
Tous ceux qui ont dit un mot de cette question de l'union des provinces qui, depuis plusieurs années occupe les esprits, mais qui n'a pas encore, comme nous l'avons dit, été le sujet des discussions de la presse, dans ce pays du moins, tous ont semblé croire à la nécessité de laisser cette belle et riche île de Terreneuve en dehors de la confédération des provinces de l'Amérique Britanniques et, dernièrement encore, M. le juge Haliburton, parlant des possessions anglaises, dans une séance publique à Glascow, disait, à propos du territoire de la baie d'Hudson et de Terreneuve :
"Laissons les habitants de l'une poursuivre les loup-marins sur l'océan sans chemins, et ceux de l'autre s'enfoncer à la suite du castor et de l'ours sous le couvert des épaisses forêts.
Nous ne partageons pas du tout cette opinion, qui eut été soutenable il y a trente ans; mais qui ne l'est plus depuis que Terreneuve est liée à la terre ferme par une ligne télégraphique et que des navires à vapeur font régulièrement le voyage entre Saint-Jean de Terreneuve et Halifax. N'oublions pas, non plus, qu'un chemin de fer, entre Halifax et Québec, mettrait Saint-Jean de Terreneuve à huit jours de voyage de Québec.
Nous ne voulons pas dire à nos lecteurs toutes les pensées qui s'offrent à notre imagination, lorsque, occupé de ces choses, rêvant d'avenir, nous jetons les yeux sur la carte de cette vaste partie de l'Amérique du Nord; car nous serions certain d'être dénoncé comme un visionnaire. Et pourtant la tendance de ces découvertes qui annulent les distances es manifeste : le but providentiel vers lequel toutes ces inventions conduisent est visible.—Ces découvertes, qui permettent d'administrer de vastes empires plus facilement qu'on n'administrait autrefois une petite province, font marcher le monde vers cette grande péripétie des temps, prédite par le prophète, où le bien et le mal se disputeront pour la dernière fois l'empire unique sur la terre, après quoi tout sera consommé......
Notes
1. Soit 36,000 milles carrées ; 28,000,000 d'arpents ; 25,000,000 d'âcres ; 100,000 kilomètres.—Nous faisons la réduction de ces diverses mesures, en nombres ronds, afin de faciliter les comparaisons avec les statistiques fournies par divers auteurs.
Des auteurs, faisant la déduction de la superficie occupée par les eaux des grandes baies intérieures, ont donné à Terreneuve, les uns 23,000,000 d'âcres, les autres seulement 26,000 milles carrés de territoire.
Chapitre 3. Île du Prince Édouard
L'Île du Prince Édouard, quelque petite qu'elle soit, ne contenant qu'à peu près 200 lieues(1) en superficie, tire néanmoins de sa position géographique et de l'excellence de son sol une importance considérable. (p. 21) ...
... (p. 24) Nous avons vu ces belles populations, ces familles patriarcales de laboureurs, jouissant avec modération, dans la paix et l'union, des biens de ce monde et vivant dans l'espoir d'une vie meilleure ; nous les avons vu et nous les avons saluées avec des larmes d'attendrissement et de joie.... Quels vœux n'avons-nous pas faits alors pour leur avenir et le nôtre ;—car nous ne formons avec eux qu'un seul peuple que Dieu bénisse !
Revenons à l'Ile du Prince Édouard. Le revenu public de cette petite mais intéressante colonie est de £50,000 ; la dépense de l'état peut aussi être représentée par le chiffre de £50,000. La dette de la province ne s'élève qu'à £15,000 seulement. Le montant des importations est, nombres ronds, de £300,000 et celui des exportations de £200,000. Cette différence, entre les importations en plus et les exportations en moins, n'est qu'apparente, et de fait les exportations sont beaucoup plus considérables que les importations : cela tient à ce que l'une des principales industries de l'Île du Prince Édouard est la construction des navires, et à ce que cette source, qui fournit à l'exportation des valeurs considérables, n'entre pas dans les rapports de la douane. Nous n'avons pas de données précises, en ce moment sous nos yeux, sur la valeur moyenne annuelle des bâtiments construits pour les marchés du dehors ; mais disons, pour être modéré, que les constructeurs de l'Ile du Prince Édouard vendent chaque année à l'étranger des navires au port collectif de 25,000 tonneaux ; voici de suite une valeur annuelle d'au moins £150,000, déduction faite de la valeur comprise dans les agrès des navires, valeur qui, pour la grande partie, figure au chiffre des importations.
Les produits de la culture du sol, de la pêche et des industries forestières, sont donc les sources qui fournissent à l'Ile dont nous nous occupons, toutes les valeurs exportées au dehors ; toutes les exploitations dont ces valeurs sont le produit, appartiennent donc à la grande industrie agricole(1).
Puisque le sujet se présente naturellement sous notre plume, qu'il nous soit permis de dire combien mal inspirés sont ceux qui, pour d'excellents motifs sans doute, veulent transformer nos belles colonies en pays manufacturiers. La nature, disent-ils, en multipliant sur notre sol les pouvoirs d'eaux et les grandes voies navigables, a destiné ces provinces à un avenir industriel ;— mais, leur dirons-nous, ces forces motrices mêmes, et nos immenses forêts, et ces voies navigables, et ce sol éminemment fertile partout, excepté dans l'extrême nord, ne sont-ils pas plutôt une indication d'un avenir agricole. Laissez la vieille Europe, surchargée de population, possédant un outillage et une organisation manufacturière parfaits, que vous pouvez difficilement introduire ici, transformer les matières premières que vous lui fournissez en abondance, vous qui avez l'espace et le territoire : en ce faisant vous montrerez une intelligence beaucoup plus grande de l'économie générale du monde et vous apporterez bien plus sûrement et plus généreusement votre part indiquée de travail, dans cet ensemble de productions dont doit subsister, durant son passage sur cette terre, la grande famille humaine, dont les membres sont unis par une solidarité qu'on ne répudie jamais en vain.
Supposons même que l'Amérique Britannique fut également bien située sous le rapport manufacturier et sous le rapport agricole (pris dans son ensemble comme exploitation du sol cultivé, des forêts natives et de la pêche) ; supposons cela disons-nous, il resterait encore à examiner la question de savoir laquelle des deux manières d'être,—représentées par un peuple surtout industriel et un peuple surtout agricole,—est préférable. Or, il n'y a pas à hésiter un instant dans un pareil choix.... Comparez l'agriculteur intelligent, sobre et laborieux, propriétaire d'une terre de 90 arpents (moyenne de l'héritage de chaque famille agricole ici), avec l'ouvrier des manufactures également intelligent, sobre et laborieux.—Le premier ne dépend que de lui-même et du travail de sa famille ; il trouve sur sa ferme un travail toujours assez payé de profits pour lui fournir et à ses enfants une subsistance saine et abondante ; il échappe d'ordinaire aux ravages des fléaux qui trop souvent, hélas, dévastent les centres de populations manufacturières, et contre lesquels les riches des villes vont chercher un refuge dans la vie des champs. Il jouit toute sa vie du calme de la nature, et c'est pour lui surtout que les saisons sont belles ; enfin il transmet aux siens l'héritage traditionnel.—Le second, lui, au contraire, ne s'appartient pas ; subissant de prime abord toutes les variations du commerce, il est souvent soumis à un chômage forcé pendant lequel les inquiétudes et la gêne, mauvaises conseillères, le harcèlent et le tourmentent ; en proie à toutes les misères qu'entraîne l'habitation presque en commun d'un grande nombre d'individus, il ne jouit de la vie et du spectacle de la nature qu'à de rares et courts intervalles ; la plupart du temps transportant, ses pénates de demeure en demeure, il ne reconnaît plus à trente ans la maison où il a reçu le jour, et ne lègue à ses enfants que la perspective d'un sort semblable au sien. Voilà, on ne peut le nier, le sort ordinaire comparé de la majorité des agriculteurs d'un côté et des populations manufacturières de l'autre, presque partout... Heureux donc ceux dont le lot de travail dans ce monde est de cultiver la terre.
Ces digressions sont dans le plan de ces études sur les provinces de l'Amérique du Nord et sur leur avenir ; ceci se conçoit :—les institutions doivent être en harmonie avec les circonstances de temps et de lieu, avec les tendances et les aspirations des peuples, et il importe au plus haut point d'étudier ces circonstances, afin de ne pas marcher vers la solution qu'on propose, à rebours de ce qu'indique la nature des choses.—Ainsi, dans le cas actuel, si les pays dont nous parlons devaient être, à l'égard de l'Angleterre et de l'Europe, des contrées rivales en fait d'industrie manufacturière, au lieu d'être à leur égard des producteurs d'aliments, et de matière première et des consommateurs d'articles manufacturés, autre serait la solution, au point de vue économiste dans tous les cas.
Notes
(1) M. Monroe émet l'opinion que cette île peut nourrir une population d'un million d'habitants. Ceci est de beaueoup exagéré.
Chapitre 4. Territoire de la Baie d'Hudson
(p. 29) ...
Chapitre 5. Nouvelle-Écosse et Cap breton
Chapitre 6. Nouveau-Brunswick
Chapitre 7. Résumé statistique
Chapitre 8. Statistiques
Chapitre 9. Statistiques
Chapitre 10. Éléments des populations
Chapitre 11. Éléments sociaux et politiques
Chapitre 12. Éléments politiques
Chapitre 13. Notes historiques
Chapitre 14. Nos institutions
Chapitre 15. Voisinage
Chapitre 16. Voisinage
Chapitre 17. Projets de confédération
Chapitre 18. Projets proposés ci-devant
Chapitre 19. Analyses des études précédentes
Chapitre 20. La confédération
Chapitre 21. Avantages et difficultés
Chapitre 22. Pensée d'avenir et institutions politiques
Chapitre 23. Question sociale et politique
Chapitre 24. Institutions représentatives
Chapitre 25. Organisation
Chapitre 26. Institutions politiques
Chapitre 27. Question financière
Chapitre 28. Partage des charges publiques
Chapitre 29. Du revenu et de sa distribution
Chapitre 30. Revenu et dépenses
Chapitre 31. Des territoires inhabités
Chapitre 32. Réfutation d'objections
Chapitre 33. Résumé et conclusion
Nous terminons aujourd'hui ces études par un retour sur l'ensemble qu'elles présentent et par le résumé succinct des principales thèses que nous y avons soutenues. Le but est de faire voir d'un seul coup d'oeil toute la matière et de faire bien saisir au lecteur la liaison des idées et l'enchaînement des détails.
Partant de cette idée que les possessions anglaises de l'Amérique du Nord, composées de l'Ile de Terreneuve, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, des Îles du Golfe Saint-Laurent, des Canadas et des territoires dits de la Baie d'Hudson et du Nord-Ouest, sont destinés à devenir un empire, dont la force et la grandeur dépendront, en grande mesure, de l'organisation qui sera donnée dès l'abord à ce grand ensemble ; nous avons émis la proposition évidente qu'il est nécessaire de consulter dans cette organisation, et le passé et le présent historiques des colonies concernées, dans leur rapports de population, d'éléments religieux, sociaux et politiques, de nationalités distinctes, de circonstances de lieux et de voisinages, de l'étendue et du placement des ressources matérielles de ces vastes régions.
De ces préliminaires nous avons passé à l'examen quelque peu détaillé de tous les éléments divers que nous venons d'énumérer, en nous occupant des colonies et territoires pris séparément, d'abord, puis réunis ensemble. Nous avons montré, pour n'en dire qu'un mot ici, l'Ile de Terreneuve, où domine la nationalité irlandaise, comme occupant une position qui lui assure la suprématie dans l'exploitation des pêcheries et comme se trouvant à une journée de vapeur des autres provinces et à quelques jours des ports d'Halifax et de Québec ; les provinces de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et les Iles du Golfe Saint-Laurent comme offrant un sol fertile, de vastes forêts, des mines inépuisables de charbon et de nombreux ports de mer, la plupart ouverts toute l'année au commerce ; les vastes territoires du Nord-Ouest et de la Baie d'Hudson, comme présentant, par le fait même de leur étendue, des ressources immenses et variées ; les deux Canadas comme formant les portions les plus riches, les mieux situées et, partant, les plus importantes de toutes ces possessions.
Les statistiques générales sont ensuite venu constater, pour l'usage de la question, l'étendue des superficies territoriales désertes et habitées, le chiffre des populations, la valeur des importations et exportations, le montant du revenu de chaque gouvernement local actuel, et le montant des dépenses de ces mêmes gouvernements.
Passant aux divers éléments qui constituent les populations, nous avons établi : que l'élément protestant compose un peu plus de la moitié, l'élément catholique, un peu moins de la moitié de l'élément chrétien : que l'élément national se décompose à peu près comme suit: l'élément britannique forme un peu moins que la moitié, l'élément français un peu moins que le tiers, l'élément irlandais un peu plus qu'un sixième, l'élément indigène un peu moins que le dixième, et les autres éléments une fraction excessivement petite : que l'élément conservateur (dans le sens que nous avons donné à ces mots) domine et que l'élément agitateur est resté jusqu'à ce jour extrêmement faible. Nous avons en même temps analysé ces éléments dans les rapports de leur influence et de leur vitalité.
Ces dernières considérations nous ont tout naturellement conduit à dire un mot du passé de ces provinces et des tendances traditionnelles qu'il leur a imprimées. Puis nous avons parlé de l'état politique qui leur a été fait par le fonctionnement de leurs institutions, presque toutes empruntées à l'Angleterre.
La question de voisinage nous faisait un devoir d'examiner l'état social et politique de la république voisine, et des influences qu'exercent et que doivent exercer, sur nous, nos relations journalières avec le peuple américain, notre seul voisin immédiat.
Nous avons consacré quelqu'espace à l'étude critique des changements proposés, avec des vues d'ensemble, à diverses reprises, dans l'organisation des provinces qui constituent les Possessions anglaises de l'Amérique du Nord, prenant en considération les effets produits par les changements déjà opérés par l'Union des Canadas en 1841.
Tout ce qui précède constitue les études préliminaires ; mais les plus longues et non pas les moins importantes de notre sujet, puisqu'elles forment la base sur laquelle nous étayons l'édifice de notre Confédération. Ce sont les matériaux de cet édifice qu'il s'agissait ensuite de rassembler, de coordonner, en les mettant à la place indiquée par la nature propre de chacun d'eux.
Nous avons invoqué pour chacun des éléments religieux, nationaux et politique, leur droit d'existence, et le droit pour chacun d'eux à l'exercice de la légitime influence qui lui revient. Nous avons posé comme proposition première, la nécessité du maintien de la dépendance coloniale pour un temps indéterminé ; mais avec la pensée arrêtée de l'indépendance future de la Confédération. Nous avons démontré que dans l'organisation sage et puissante des provinces de l'Amérique Britannique du Nord, git une question d'avenir à laquelle sont intéressés, non seulement la métropole et ses colonies : mais encore les grandes puissances qui ont mission de veiller à l'équilibre des pouvoirs dans le monde.
Nous croyons avoir démontré, qu'en dehors de ces idées de l'ordre le plus élevé, la question de notre prospérité matérielle est forcément rattachée à cette question d'une confédération que nous croyons aussi nécessaire au bonheur et à la tranquillité des populations qui, unies d'intérêts, rapprochées sous bien des rapports, différent néanmoins trop profondément les unes des autres et occupent des espaces trop vastes et trop différents sous le rapport des circonstances, pour pouvoir accepter d'autre position les unes à l'égard des autres que celle de confédérés.
Mettant de côté toute idée de bâtir sur des utopies un pacte fédéral nouveau; nous avons tout simplement étudié les constitutions d'Angleterre et des États-Unis, dont le fonctionnement est parfaitement connu de nos populations, pour emprunter de l'une et de l'autre, avec les modifications indiquées par les circonstances, les dispositions capables de répondre à nos besoins. L'Histoire des deux grandes nations qui vivent sous les régimes désignés ici, et notre propre histoire, nous ont servi à constater les points défectueux, ou peu applicables pour nous, des deux systèmes mis en regard.
Maintenant il nous reste à poser, purement et simplement et sous forme de propositions définies, les points principaux du pacte de la Confédération des Provinces anglaises de l'Amérique du Nord, considéré sous le rapport des exigences multiples que nous avons exposées.
Le Pacte fédéral reposerait sur le principe de la délégation perpétuelle et inaltérable des pouvoirs des gouvernements séparés des provinces au gouvernement général, dans la mesure d'attributions distinctes, établies en vertu d'une constitution écrite.
Les constitutions générales et séparées reposeraient sur les principes suivants :
Droits Civils :
- Liberté de la personne.
- Liberté des cultes.
- Liberté d'enseignement.
- Liberté d'opinion.
- Inviolabilité de la propriété.
- Droit de pétition et d'association.
- Droit d'être jugé par ses juges naturels.
- Égalité devant la loi.
Droits Politiques :
- Principe électif.
- Admissibilité à tous les emplois.
- Suffrage Universel.
Le gouvernement fédéral serait composé d'un Gouverneur, chef de l'Exécutif, d'un Sénat et d'une Assemblée.
Le gouverneur serait nommé par la métropole, tenu irresponsable, gouvernant par et de l'avis de ministres responsables.
Le Sénat serait élu par le peuple des provinces ou par les législatures séparées, en nombre égal pour chaque province.
L'Assemblée serait élue directement par le peuple et le nombre de ses membres serait établi en raison de la population.
Les gouvernements locaux seraient composés d'un Président, d'un Conseil législatif et d'un corps législatif.
Le Président serait élu par la peuple, responsable et gouvernant avec des ministres dépendant du pouvoir exécutif seul.
Le Conseil Législatif et le corps législatif, élus par le peuple, seraient les seuls pouvoirs contribuant essentiellement à la passation des lois.
Le pouvoir judiciaire serait nommé par les pouvoirs exécutifs, dans la limite des attributions du gouvernement fédéral et des gouvernements locaux, reposant sur l'inamovibilité et seul investi du droit de juger à tous les degrés, soit dans l'ordre des rapports individuels, soit dans l'ordre des rapports publics.
Ce qui précède, ce nous semble, suffira pour faire embrasser d'un seul coup d'oeil tout l'ensemble de nos propositions, pour ceux, bien entendu, qui se seront donné la peine non pas seulement de lire, mais d'étudier ce que nous avons développé dans le cours de nos études sur le sujet. Il est un point que nous avons indiqué dans l'occasion et que nous devons mentionner ici, pour compléter ce résumé :—nous proposons, dans le but de sauvegarder l'harmonie et l'entente cordiale entre les confédérés, de donner le droit aux législatures locales de créer des listes d'éligibilité aux emplois ; listes au sein desquelles le chef de l'exécutif fédéral et les présidents des provinces seraient tenus de prendre, non pas tous les employés, encore moins leurs ministres et chefs de bureaux, mais la plupart des employées et surtout ceux qui se trouvent à exercer leur fonctions dans l'intérieur des territoires, loin de la surveillance immédiate de l'Exécutif dont ils relèvent.
Il ne nous reste plus qu'a souhaiter que ce travail, accompli au sein d'occupations nombreuses et d'un genre à distraire la pensée, ne soit pas tout à fait inutile a nos concitoyens et à notre pays.
Appendice. Pétition des sauvages montagnais
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